31 mai 2021
Laura Mary et al., « La critique féministe et l’archéologie : évolution et état des lieux de la situation actuelle en France et en Belgique francophone », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.do4txm
L’article fondateur de l’archéologie du genre, Archaeology and the Study of Gender, publié en 1984 par Margaret Conkey et Janet D. Spector pose les bases de la critique féministe en archéologie. Elles y démontrent que les connaissances au sein de la discipline ont été construites de manière androcentrique en valorisant les activités des hommes et en invisibilisant celles des femmes. Elles mettent également en évidence les biais sexistes qui influencent les interprétations et que nous illustrerons avec quelques exemples emblématiques en préhistoire et protohistoire. Elles introduisent par ailleurs le genre comme catégorie analytique et encouragent dans le même temps à reconnaître la présence des femmes dans l’histoire de la discipline. Cet article et ceux qui suivront (Gero, 1985 ; Bertelson, Lillehammer et Naess, 1987 ; Wylie, 1991 entre autres) n’arrivent toutefois que difficilement à se frayer un chemin dans le milieu archéologique franco- phone. Les autres disciplines des sciences humaines et sociales, comme l’histoire, ne semblent pourtant pas faire preuve de la même réticence. Le premier cours sur l’histoire des femmes est ainsi donné dès 1973 à l’Université Paris-Diderot (Paris 7)par les historiennes Fabienne Bock, Michelle Perrot et Pauline Schmitt (Perrot, 2014) ; et c’est sous la plume de cette dernière qu’apparaît, dès 1990, le concept d’"histoire du genre". En archéologie, il faudra pourtant patienter jusqu’au début des années 2010 pour qu’émergent les premières publications se revendiquant clairement de la gender archaeology (Mathieu, 2010 ; Péré-Noguès, 2011 ; Demoule, 2012 ; Belard, 2014 ; Trémeaud, 2014). Pourquoi un tel retard ?Cette communication propose de dresser un état des lieux de la situation en France et en Belgique francophone. Nous évoquerons l’évolution de la place des femmes dans la discipline dans ces pays vs les États-Unis, et nous nous intéresserons à la représentation des femmes en archéologie, aujourd’hui, à partir de l’analyse de documentaires réalisés ces dernières années en préhistoire. Nous terminerons cette présentation en tentant d’expliquer les raisons de l’hermétisme de l’archéologie francophone à la critique féministe.