La stylistique dite de concours et ses déclinaisons

Résumé 0

La recherche universitaire en France voudrait circonscrire le champ des origines de la stylistique. Bien que libérée du joug de son aînée, la rhétorique, celle-ci reste l'objet de nombreux débats sur son autonomie par rapport à d'autres disciplines comme la grammaire, la linguistique…Successivement menacée d'« être ou de ne pas être », la stylistique s'impose dans les recherches universitaires de ce pays par sa présence dans les différents concours de recrutement de professeurs de Lettres. Paradoxe français ? Nous envisagerons dans cet article les apports de la « stylistique des concours », en dépit des discussions qu'elle suscite dans les milieux universitaires. Mots-clés : stylistique, concours, manuels, genres, style 1. En France, les concours de recrutement des professeurs de Lettres ont-ils « sauvé » la stylistique ? 1.1 La stylistique en voie d'autonomie De nombreux chercheurs français s'accordent sur la difficulté à cerner les contours disciplinaires de la stylistique : « on peut [en] accepter une définition, purement linguistique, qui la réduit en une seule discipline » où s'amalgament des « doctrines souvent contradictoires 1 ». Par ailleurs, placée entre la linguistique et la littérature, sa position la rend, encore de nos jours, compliquée à circonscrire. En revanche, son histoire est connue 2 , de sa naissance à l'aube du XX e siècle (avec les travaux de Ch. Bally et de M. Cressot 3) jusqu'à sa mort annoncée vers la fin des années 1960 et l'avènement du structuralisme. De ces années-là, et pendant les vingt ans qui ont suivi, Laurent Jenny considère que : « [Son] appellation même a quasiment disparu de la littérature théorique française […] La stylistique semblait vouée à disparaitre absorbée par les sciences du discours plus générales et plus puissantes qu'elle 4 ». D. Maingueneau programme la mort de la stylistique, suite à une rencontre manquée entre la linguistique et la littérature après le déclin du structuralisme : « Les littéraires se sont coupés de la linguistique en invoquant une expérience ratée, qui en fait... n'a pas eu lieu : les linguistes n'ont pas réellement pu investir leurs recherches dans l'étude des textes littéraires […] Une chose est sûre, l'âge d'or de la stylistique, qui s'est ouvert avec le romantisme, est en train de se fermer sous nos yeux 5 ».