2021
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VertigO : La revue électronique en sciences de l’environnement ; vol. 21 no. 1 (2021)
© Université du Québec à Montréal et Éditions en environnement VertigO, 2021
Jean-Eudes Beuret et al., « Effort de conservation et Aires marines protégées : quatre illusions et un changement de perspective », [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.30538
Dans les argumentaires politiques et parfois scientifiques, l’effort consenti pour la conservation des milieux marins via les aires marines protégées (AMP) est évalué sur la base des surfaces classées, ce qui sous-entend que leur statut offre une protection à l’échelle de leur périmètre. Plus généralement, les AMP reposeraient sur quatre piliers : un statut, un périmètre, des règles, un gestionnaire. Une analyse comparative internationale interdisciplinaire (géographie et économie), fondée sur 13 cas étudiés dans des contextes géographiques et sociétaux très différenciés, nous conduit à revenir sur quatre illusions fondatrices selon lesquelles : a) le statut marque l’institutionnalisation de l’AMP et offre une protection ; b) au périmètre de l’AMP correspond l’espace géré et protégé ; c) des règles spécifiques sont nécessaires à l’action de conservation et sont conçues de façon à les faire respecter via des sanctions ; et d) la mise en oeuvre de la politique territoriale de conservation suppose une centralité, avec un gestionnaire disposant ou non d’une autorité. À ces quatre illusions, qualifiées respectivement de statutaires, surfacique, normative et centralisatrice correspondent des réalités plus complexes illustrées par les cas d’étude. Leur analyse nous conduit à préciser ce que sont les AMP, à en tirer des enseignements pour l’accompagnement des processus d’institutionnalisation des AMP, puis à proposer de nouvelles modalités et indicateurs d’évaluation de l’effort consenti en faveur de la conservation.