2008
Cairn
Robert Chenavier, « Les méditations cartésiennes de Simone Weil », Les Études philosophiques, ID : 10670/1.dq69e0
Robert CHENAVIER — Les méditations cartésiennes de Simone Weil Résumé — Au cours d’une période qui voit Husserl livrer son testament philosophique, la Krisis, l’étudiante Simone Weil ouvre son Diplôme d’études supérieures, en 1930, par le constat du désarroi dans lequel se trouve l’époque et de l’incertitude dans laquelle nous laisse la science. Il faut opérer un retour à Descartes, dans une automéditation proche de celle que recommandait Husserl. Cependant Simone Weil ne s’oriente pas vers une phénoménologie. Loin d’explorer la sphère d’être du cogito, elle cherche à en sortir, plus rapidement encore que Descartes, pour rencontrer la réalité du monde, et inventer une sagesse pour notre condition d’être percevant, ce qui signifie, avant tout, d’être qui travaille. Seul le travail permet d’éprouver la nécessité réelle, et de retrouver " l’union de l’âme et du monde ", dans les conditions créées par l’industrie. C’est dans la ligne de la vocation mondaine de la philosophie de Descartes, que Simone Weil amorce sa réflexion sur le rôle du travail comme fondement d’une sagesse, dans ces nouvelles conditions d’existence déterminées par la forme collective de la production. À partir de 1935, elle verra dans la crise un signe de la " faillite de Descartes ".