L’histoire des sciences (au sens large) chez Gallimard (1962-2011) : une ambiguïté irréductible entre "sciences" et "sciences humaines"

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Nous nous intéressons, dans cette communication, à la place de l’histoire des sciences, au sens le plus large possible, chez un grand éditeur généraliste, Gallimard, de 1962 à 2011. Cette enquête est précisément circonscrite, puisqu’elle entend se limiter à la production éditoriale d’une seule maison d’édition, dans un seul domaine, et au cours d’une période de cinquante ans. Les éditions Gallimard ne sont guère connues pour être un lieu de publication dédié à l’histoire des sciences, comme en témoigne le fait qu’aucune des 378 collections et revues qui ont jalonné l’existence de cette maison d’édition, depuis 1911, ne s’est consacrée explicitement à ce domaine d’études, si l’on excepte la collection « L’Avenir de la science », active de 1936 à 1968, et dirigée par le biologiste et historien des sciences Jean Rostand, collection toutefois davantage centrée sur la vulgarisation scientifique que sur l’histoire des sciences au sens large. Il importe ici de préciser ce que nous appelons « histoire des sciences au sens large ». L’idée est de qualifier ainsi l’ensemble des études issues du champ des sciences humaines et sociales qui prennent les sciences pour objet d’investigation, quelles que soient les approches - disciplinaires ou pas - utilisées pour le faire. Cela comprend donc à la fois l’histoire des sciences au sens le plus étroit, la philosophie des sciences, la sociologie des sciences, l’anthropologie des sciences, ou encore tout mélange de ces différentes approches. Pour mener à bien cette enquête, nous nous sommes appuyés principalement sur trois types de sources : i) le catalogue du centenaire de 2011 des éditions Gallimard ; ii) les archives des éditions Gallimard ; iii) des entretiens réalisés avec quelques acteurs éditoriaux importants de la maison d’édition. Alors qu’aucune place explicite n’existe pour l’histoire des sciences au sens large, au sein des éditions Gallimard, nous verrons que les ouvrages relevant de ce domaine y sont très nombreux, même s’ils ne sont pas spécialement visibles, car disséminés dans plus de dix collections. Surtout, nous mettrons en évidence une véritable ambiguïté, chez Gallimard, quant au statut de cette production éditoriale, entre « sciences » et « sciences humaines ».