2003
Cairn
Jaroslav Blaha, « Trois « novices » dans l'Otan : Quelles conséquences pour l'industrie ? », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.dzpufd
En 1999, l’Alliance atlantique s’est élargie à trois pays de l’Europe centrale. En novembre 2002, lors du sommet de Prague, elle a décidé de poursuivre dans ce sens en invitant sept nouveaux pays à la rejoindre en 2004. Cet événement est de portée historique, car il signifie la fin du système issu de la Guerre froide, mais sans doute aussi une redéfinition du rôle de l’Otan. Or, tout ce qui brille n’est pas or. Les pays admis en 1999 sont exposés depuis à des réalités que les responsables politiques, un temps dans l’euphorie, oublièrent de mentionner : réductions des effectifs plus fortes que prévues, augmentations obligatoires des budgets de défense pour moderniser leurs armées en voie de professionnalisation, entre autres. Quant au secteur industriel travaillant pour la défense, déjà victime de restructurations ou de privatisations mal maîtrisées et de la perte de nombreux marchés, il est dans l’obligation d’absorber un choc supplémentaire, dix ans après la disparition du Pacte de Varsovie, n’étant pas de taille à affronter la concurrence. En République tchèque, il tente de s’organiser pour parler d’une seule voix, et le gouvernement affirme, bien que tardivement, sa volonté de le soutenir. En Pologne, les autorités réorganisent ce secteur en renforçant les pôles industriels. En Slovaquie, un des futurs membres de l’Alliance, il ne reste plus grand-chose des activités anciennes et la reconversion semble avoir surtout profité aux ventes illégales d’armes. Parallèlement, tous ces pays sont exposés à des contraintes de politique étrangère et aux pressions «amicales» des fabricants euro-atlantiques, lors de la passation de contrats. Vont-ils pencher vers une logique européenne ou bien seront-ils les sous-marins ou les relais des intérêts américains ?