23 juin 2023
Olivier Givre, « Entre bons usages et nouveaux voisinages. Patrimoine(s) et frontière(s) dans la région de Strandzha (Bulgarie). », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.e09b24...
Cette contribution aborde les mutations de la région de Strandzha , partagée entre la Bulgarie et la Turquie depuis 1913, par le prisme de multiples dynamiques patrimoniales ayant en commun d’accorder une valeur culturelle à la dimension frontalière de ce territoire. M’attachant principalement au versant bulgare, il s’agira de donner plusieurs éclairages sur la construction d’un « sens patrimonial » de ce territoire, qui repose sur les sentiments ambivalents de la perte de son unité géographique et culturelle, mais aussi de son authenticité préservée envers et contre tout. L’image de Strandzha oscille constamment entre les deux pôles d’un territoire-refuge et de mouvement, et d’un espace d’ancrage et d’autochtonie, la frontière symbolisant ainsi une déchirure spatiale et culturelle appelant à construire et réaffirmer perpétuellement la cohérence et les « qualités » du territoire. La localisation de Strandzha aux confins sud-est du pays a notamment forgé une image d’isolat mais aussi de « conservatoire » naturel et culturel, à protéger des atteintes extérieures. Cette dimension patrimoniale entre en résonance avec le sentiment d’un déclin ininterrompu du territoire, retardé par l’interventionnisme d’Etat à l’époque socialiste, mais aggravé par les bouleversements postsocialistes et posant des interrogations aigues sur son devenir.