Les morts violentes de nourrissons : Trajectoires des auteurs, traitements judiciaires des affaires

Résumé 0

La connaissance scientifique de la maltraitance envers les enfants en France est quasi inexistante, tant dans sa dimension épidémiologique que dans celle du contexte psycho-affectif et socio-économique de vie des enfants. La fréquence de ce qui est en réalité un véritable problème de santé publique, reste inconnue, qu'il s'agisse de sa forme extrême (la maltraitance mortelle), de la maltraitance en général ou des situations de danger. Même les cas de morts par maltraitance sont mal connus du fait d'une pauvre fiabilité des statistiques de mortalité sur ce sujet. Une enquête sur " les morts suspectes de nourrissons de moins de 1 an ", mise en place par le Cermes, a apporté d'autres informations sur la maltraitance mortelle, les résultats montrant : l'importante sous-estimation des néonaticides et des infanticides en général en France ; la prédominance des facteurs psycho-affectifs sur les facteurs socio-économiques dans la survenue des sévices mortels et des différences dans les caractéristiques des auteurs suivant le type d'infanticide ; l'existence d'antécédents de maltraitance (parfois connus, notamment du système de santé) chez les enfants décédés et la fréquence élevée des répétitions dans une même fratrie. Ces derniers phénomènes s'expliquent notamment par des problèmes de coordination entre médecine, justice et services sociaux et par une sous-investigation, tant par le système de soins que par la justice, des cas d'enfants morts précocement et le plus souvent de façon inattendue.