21 novembre 2014
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Christelle Klein-Scholz, « "I remember when a diagnosis was a death sentence" : l'écriture du SIDA et de la mort dans la littérature gay. David Feinberg, Tony Kushner et Armistead Maupin. », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.e1x1xa
Cette thèse présente une réflexion sur lʼécriture du SIDA et de la mort dans la littérature gay américaine à travers les œuvres de David Feinberg, Tony Kushner et Armistead Maupin. À la croisée dʼun thème (le SIDA) et dʼun type de littérature (la littérature gay, qui préexistait à lʼépidémie), cette étude prend en considération les multiples dimensions de lʼépidémie de VIH/SIDA : dans lʼobjectif dʼacquérir « une connaissance anthropologique par la littérature et le roman » (Laplantine), en passant outre les « traditional disciplinary boundaries » (Campbell & Kean), elle montre que, si le SIDA fut probablement un rendez-vous manqué avec lʼhistoire, ce ne fut pas le cas avec la littérature. Quand les médias, les pouvoirs publics, les autorités sanitaires et la population générale nʼont pas pris la mesure de la catastrophe, les auteurs gays, eux, ont pris le SIDA à bras le corps, en même temps que le VIH prenait possession du leur, et ont produit des œuvres qui méritent un travail dʼexégèse, notamment parce que, plus de trois décennies après les premiers cas, lʼépidémie de VIH/SIDA nʼest toujours pas sous contrôle. À partir des œuvres de ces trois auteurs, qui constituent un échantillon tant au niveau générique (autobiographie/autofiction, roman, théâtre) quʼen termes de réception, elle montre que la littérature gay du SIDA ne constitue tout au plus quʼune césure, et non une rupture, avec les littératures qui lʼont précédée. Le corps écorché par le SIDA prend, à cause de cette épidémie anachronique (apparue à une époque où les hommes semblaient pouvoir avoir la conviction que les épidémies appartenaient au passé), une place centrale dans les vies et dans les œuvres. Le corps mourant devient un topos, à la fois un lieu dʼexploration et le principe qui informe le texte. Ces trois auteurs adoptent une position quelque peu surprenante : ils font grand usage de lʼhumour – un humour dont cette étude montre quʼil est bien davantage quʼun mécanisme de défense : il fait partie dʼun processus de construction identitaire par le langage. La littérature gay du SIDA atteste la mise en place de nouveaux « rites de mort » (Thomas), ainsi que le développement dʼun nouveau langage destiné à perpétuer le souvenir de tous ces hommes que le SIDA a emportés si jeunes. En écrivant jusquʼà son dernier souffle, Feinberg donne un sens nouveau à la « mort de lʼauteur ».