18 décembre 2018
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Michel Van der Yeught, « Studying the diachronic dimension of specialised languages through an intentional approach to their social ontology », Textes et contextes, ID : 10670/1.e2f2f8...
Parce que les langues spécialisées (LS) émanent de l’activité humaine, elles se déploient dans le temps humain. Néanmoins, leur dimension diachronique, quoique manifeste, est rarement reconnue et, a fortiori, très peu explorée. Les approches des LS les plus répandues, notamment l’English for Specific Purposes (ESP), se concentrent délibérément sur leur présent synchronique pour servir les besoins les plus immédiats des apprenants, dans un souci d’efficacité plus apparent que réel. À l’inverse, l’objectif de cet article est de rendre compte de la dimension diachronique des LS en montrant qu’il s’agit là d’une caractéristique centrale de leur ontologie sociale. La démarche a recours à la théorie de l’intentionnalité proposée par le philosophe américain John Searle afin d’établir que le spécialisé et les LS découlent « d’intentionnalités collectives » qui opèrent comme les facteurs constitutifs sous-jacents de la réalité sociale (Searle 1995 : 37–43). Dans ce cadre conceptuel, l’article montre que, par nature, les domaines, les communautés et les langues spécialisés sont profondément « institutionnels » puisque leur existence découle de la règle constitutive des institutions sociales formulée par Searle : « X compte pour Y en contexte C » (ibid. 26). L’article analyse les différentes facettes de la variable C de cette règle et met en évidence sa dimension essentiellement diachronique. Il trouve dans les dictionnaires spécialisés monolingues et dans le savoir encyclopédique spécialisé (concept inspiré de Eco [1986 : 68–86]) des outils efficaces pour s’approprier la variable contextuelle C et interpréter correctement les LS. La démarche adopte une perspective résolument holistique dans la mesure où elle se fonde sur des mises en relation impliquant l’esprit, la langue, les institutions, l’histoire et les communautés, c’est-à-dire l’ensemble des composants fondamentaux de l’ontologie sociale.