15 juin 2020
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Aristide James, « La lecture potentielle. Jeu, humour et combinatoire dans les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.e39ber
Raymond Queneau, dans ses Cent mille milliards de poèmes, propose de mettre à mal, explicitement et de manière formelle, le partage entre auteur et lecteur. Le principe de co-création fait apparaître en saillie les mécanismes de la lecture courante. Cette activité s'y révèle alors tout à fait comme « jeu ». Que révèle notre dispositif de la genèse de l'humour en littérature ? Comment l'humour peut-il émerger tandis que la « responsabilité » du texte demeure partagée ? Comment, enfin, sa modalité ludique affirmée rend-elle concrète une approche approfondie du phénomène de la lecture ? Nous dresserons le constat des répercussions de la structure combinatoire du recueil sur le développement de nos stratégies interprétatives. La perspective du jeu apparaîtra comme réponse à la question, centrale pour le recueil quenien, de l'esthétique particulière qu'il véhicule. Le jeu implique des communautés qui lui servent de cadre, comme l'humour. Puisqu'il y a « double jeu », c'est-à-dire deux jeux joués simultanément par le lecteur, la permissivité, traduite en potentialité, est « infiniment » plus grande que pour la lecture d'un texte ordinaire. La « pratique » de ce texte permet au fond d'observer nos propres outils, ceux avec lesquelles nous entrons en interaction avec lui. À l'« hypertexte » quenien correspond un geste significatif d'« hyperlecture », c'est-à-dire une lecture d'autre chose, et notamment de soi, mais aussi du contexte qui nous informe.