21 octobre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Daniel Devoucoux, « L’Élisabeth Ire de Shekhar Kapur ou le rôle du costume de cour au cinéma », Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, ID : 10670/1.e3bkb8
L’authenticité historique des costumes n’a que très rarement le dernier mot dans un film, les costumes ayant aujourd’hui surtout pour rôle de caractériser une époque, des personnages, un lieu ou une ambiance « historiques ». Les costumes de cour occupent pourtant, dans les « reconstitutions historiques » récentes, une place particulière, dans la mesure où ils tentent de transmettre des images d’ordre du monde et de la société déjà ratifiées par un grand nombre d’illustrations célèbres. Ce transfert, si l’on se réfère à l’époque élisabéthaine, se heurte bien sûr à quelques problèmes épineux. La question est pourtant moins de savoir s’il y a reconstruction ou création que de comprendre quels rapports vestimentaires entretiennent la recherche historique – et sa formulation toujours renouvelée – et le cinéma, avec ses changements de sensibilité. Le récit historique, surtout dans ses aspects vestimentaires, se démode vite, ce qui pour l’historien qui s’intéresse au cinéma ne présente pas que des inconvénients, car le vêtement raconte aussi une histoire du corps, du langage corporel et du genre. La mode vestimentaire appartient intrinsèquement au discours et à la performativité de la culture de cour. Comment le cinéma traduit-il ce rapport ? C’est ce que l’article propose de d’analyser en s’appuyant sur deux films récents dans lesquels apparaît la figure de la reine Élisabeth Ire d’Angleterre.