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Camille de Belloy, « A. D. Sertillanges, philosophe thomiste de la création », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.e503pn
Le P. Antonin Dalmace Sertillanges, o. p. (1863-1948) a consacré de nombreux travaux à l’étude philosophique de la notion de création qui ont trouvé leur synthèse finale dans le maître ouvrage de 1945, L’Idée de création et ses retentissements en philosophie. Le présent article resitue cette réflexion spéculative de Sertillanges sur la création dans la perspective qui fut la sienne, celle d’une apologétique philosophique, orientée à la fois ad extra, vers ses contemporains philosophes, et ad intra, vers ses frères chrétiens. Ainsi Sertillanges fait-il dialoguer Thomas d’Aquin et Henri Bergson pour montrer que la compréhension thomiste de la création ex nihilo échappe à la critique bergsonienne de l’idée de néant, mais il dénonce aussi les illusions où tombent maints penseurs chrétiens, anciens ou modernes, lorsqu’ils réduisent l’idée de création à celle d’un commencement temporel, ce qui les conduit à méconnaître l’apport réel du christianisme en philosophie. C’est cependant dans son analyse des textes mêmes de saint Thomas que Sertillanges se montre le plus pénétrant et le plus novateur : il oblige à saisir jusqu’en ses ultimes conséquences la doctrine thomiste de la relation de création, renversant les représentations naïves ou fausses de la causalité créatrice, conjuguant avec audace dépendance totale et autonomie radicale des créatures, et portant le regard des contemporains vers le mystère de Dieu, « l’Inconnaissable nécessaire ».