Un écrivain-clochard à Harare. Lecture écotonales de “Appendix of the Journal” de Dambudzo Marechera

Fiche du document

Date

2025

Discipline
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes


Mots-clés En

Marechera ecotone Harare


Citer ce document

Xavier Garnier, « Un écrivain-clochard à Harare. Lecture écotonales de “Appendix of the Journal” de Dambudzo Marechera », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.e54e88...


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

Alone with his typewriter in the downtown public garden, Dambudzo Marechera strives in his “Appendix of the Journal” to capture in writing the multiple flows that cross the city of Harare. Obstinate, since his return from England, to break with any form of institutional recognition, the poet-tramp that he has become chooses this central place to question the way in which the postcolonial city spatially configures power. The geometry of the streets, the silhouette of passers-by, the snippets of words exchanged, the sound volume of vehicles, the persistence of smells, all these perceptions of the city directly affect a poetic subject that positively assumes its subalternity and its lack of status. The hollow body of the poet becomes a place of resonance for a haughty and noisy city which does not recognize him and keeps him at a distance. This radical enunciative device makes it possible to reveal the molecular inscription of power in a colonial city which, a few years earlier, was called Salisbury and which was built on an ideology of making the other invisible. I propose to read this text, included in the collection Mindblast (1984), as a manifesto for a new urban ecology, capable of catalysing, making positive and multiplying the sometimes deadly energies of the city.

Seul avec sa machine à écrire dans le jardin public du centre-ville, Dambudzo Marechera s’efforce dans son « Appendix of the Journal » de capter par l’écriture les multiples flux qui traversent la ville de Harare. Obstiné, depuis son retour d’Angleterre, à rompre avec toute forme de reconnaissance institutionnelle, le poète-clochard qu’il est devenu choisit ce lieu central pour interroger la façon dont la ville postcoloniale configure spatialement le pouvoir. La géométrie des rues, la silhouette des passants, les bribes de paroles échangées, le volume sonore des véhicules, la persistance des odeurs, toutes les perceptions de la ville viennent directement affecter un sujet poétique qui assume positivement sa subalternité et son absence de statut. Le corps évidé du poète devient un lieu de résonance pour une ville hautaine et bruyante qui ne le reconnaît pas et le tient à distance. Ce dispositif énonciatif radical permet de révéler l’inscription moléculaire du pouvoir dans une ville coloniale qui s’appelait, quelques années auparavant, Salisbury et qui s’est construite sur une idéologie d’invisibilisation de l’autre. Je propose de lire ce texte, inséré dans le recueil Mindblast (1984), comme un manifeste pour une nouvelle écologie urbaine, susceptible de catalyser, de positiver et de démultiplier les énergies parfois mortifères de la ville.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines