8 décembre 2024
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« MAFIACRAFT. SÉMIOLOGIE DU VIDE.: RÉPONSE À MES RELECTEURS », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10.13135/2385-1945/3764
La mafia ? Qu'est-ce que la mafia ? Quelque chose que l'on mange ? Quelque chose que l'on boit ? Je ne connais pas la mafia. Je ne l'ai jamais vue ». Les mafiosi ont souvent réagi de la sorte aux questions des journalistes et des forces de l'ordre, soulevant la question de la réalité de ce qui n'est pas vu, et de la relation entre le « nom » et la « chose ». C'est cette relation sémantique qu'explore le livre Mafiacraft. Une ethnographie du silence mortel. Les chercheurs qui ont jusqu'à présent étudié la « mafia » ont tenté de comprendre ce qu'elle est « réellement », confondant ainsi leur effort d'interprétation avec leur objet d'étude : une « boîte noire », un signifiant vide. Mafiacraft propose d'entreprendre une nouvelle forme d'enquête ethnographique qui ne se concentre pas sur la réponse à la question « Qu'est-ce que la mafia?», mais sur les effets ontologiques, moraux et politiques de la question elle-même. Son point de départ n'est pas de considérer la « mafia » comme un fait social à dévoiler, mais comme un nœud épistémologique à résoudre, un problème de la connaissance. Comment étudier des phénomènes qui n'existent pas ou qui ne peuvent être nommés ? La mafia propose un paradigme qui inverse la logique de la sorcellerie : si la sorcellerie repose sur le pouvoir mortifère de la parole, la mafia repose sur le pouvoir mortifère du silence. La tâche de l'anthropologue devient alors d'étudier le silence en assumant toutes les implications de ce choix épistémologique, ainsi qu'il a été parfaitement saisi par les contributeurs de ce Symposium.