2017
Cairn
Dominique Argoud, « Les gérontotechnologies sont-elles une innovation sociale ? », Retraite et société, ID : 10670/1.e5zm4o
La littérature scientifique indique que les innovations sociales ne peuvent pas être considérées comme de simples inventions ni se limiter à un processus de diffusion de nouvelles techniques ou technologies. Désormais, les innovations sont plus fondamentalement appréhendées comme le résultat de l’engagement d’acteurs sociaux dans des actions leur permettant de résoudre des problèmes, afin d’atteindre des buts considérés comme légitimes. Or, si les gérontotechnologies, tout comme la silver economy, sont fréquemment assimilées à des produits ou des dispositifs dits « innovants », l’analyse de l’émergence de ce secteur démontre que l’on a affaire à un processus en grande partie défini par le « haut ». Les pouvoirs publics ont en effet joué un rôle structurant dans la tentative de promouvoir cette nouvelle filière industrielle qui se veut prometteuse du point de vue de ses potentialités technologiques, économiques et sociales. Pourtant, malgré un référentiel d’action publique favorable à ces technologies de l’autonomie, ces dernières se heurtent à d’importants obstacles quant à leur diffusion au sein du corps social. L’analyse de la genèse sociale de ce réseau sociotechnique consacré aux gérontotechnologies démontre qu’une des raisons provient sans doute du rôle central joué par les ingénieurs, les chercheurs et les industriels, au détriment des acteurs relevant du champ social et médico-social et des personnes en perte d’autonomie elles-mêmes.