The first age of domination. From the definitions of early childhood to children’s practices Le premier âge de la domination. Des définitions de la petite enfance aux pratiques enfantines En Fr

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1 mai 2023

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Wilfried Lignier, « Le premier âge de la domination. Des définitions de la petite enfance aux pratiques enfantines », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/rfp.12304


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Résumé Fr

La monopolisation de plus en plus poussée du savoir sur l'enfance par la psychologie expérimentale et les neurosciences pose, entre autres problèmes, une difficulté qu'on pourrait qualifier de morale-puisqu'elle ne relève pas de tendances épistémologiques, théoriques ou méthodologiques, mais plutôt d'une sorte d'éthique et d'esthétique de l'enfance, ancrée dans l'esprit des chercheurs en-deçà de leurs choix scientifiques. Cette difficulté est la suivante : les sciences aujourd'hui dominantes de l'enfance sont empreintes d'un irénisme de principe, qui favorise presque toujours des représentations enchantées du jeune âge, et minimise symétriquement les « mauvais » côtés de l'enfance-c'est-à-dire les conflits, les dissimulations, les jeux de pouvoirs dont les enfants sont à la fois les objets et les sujets, dans la vie sociale réelle 1. Quoi qu'on en pense, la marginalisation de la psychanalyse au sein de la discipline psychologique (Plas, 2011 ; Schechter, 2014) n'a pas arrangé les choses de ce point de vue. L'irénisme psychologique, désormais hégémonique dans les sciences de l'enfance, entretient d'un côté une complicité idéologique avec un certain sens commun, parental, de l'enfance, qui est de façon compréhensible marqué par l'émerveillement et l'espérance (« mes enfants sont formidables »). Mais cet irénisme signifie, d'un autre côté, une rupture avec toute une série d'expériences ordinaires de l'enfance, évidentes y compris et sans doute d'abord pour les parents eux-mêmes. Celles et ceux qui observent et participent au quotidien à la socialisation des enfants ne peuvent en effet ignorer que, parfois ou souvent, les enfants sont bien plus « méchants » que ce que laissent entendre les manuels de psychologie du développement. Dans ces conditions, l'un des rôles d'une approche résolument sociale de l'enfance, et des recherches sur la prime socialisation en particulier, est de proposer une analyse moins émerveillée du jeune âge, en prêtant une attention spéciale aux antagonismes, aux luttes, aux déceptions ou aux disputes qui font aussi l'enfance. La sociologie a montré sa capacité à rendre compte des dynamiques agonistiques de l'enfance en s'intéressant surtout aux luttes dont les enfants sont les objets : luttes entre parents, entre groupes sociaux cherchant à assurer leur reproduction, entre institutions de l'enfance concurrentes, etc. Comme l'ont spécialement montré, dans le cas de la France, les travaux pionniers de Jean-Claude Chamboredon et de ses collaborateurs sur l'école maternelle et sur l'édition pour enfants (Chamboredon & Prévot, 1973 ; Chamboredon & Fabiani, 1977), ces luttes sont en particulier des luttes symboliques, qui voient se confronter des « définitions sociales de l'enfance » à la légitimité inégale, et qui, en dernière instance, ont pour enjeu la mise en oeuvre de tel genre de socialisation, pour tout ou partie de la population enfantine. Avec ou sans référence à Chamboredon, mais par contre en plaçant comme lui au centre de l'analyse la différenciation et la concurrence sociale, des travaux sociologiques plus récents ont porté sur ce type de confrontations « définitionnelles ». Ils attestent qu'elles concernent aussi bien les styles d'éducation parentale (Lareau, 2003 ; Van Zanten 2009), le soin et l'alimentation des bébés (Gojard, 2010), la formation et la présentation des corps enfantins (Court, 2010), les pratiques culturelles

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