3 avril 2023
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Auréliane Narvaez, « Réception, diffusion et déclinaisons du mesmérisme dans l’Amérique postrévolutionnaire et la jeune République étatsunienne », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/lrf.7411
Sujets de conversations et de débats dès les années 1780, le magnétisme animal et les théories de Mesmer rencontrent aux États-Unis un accueil initialement mitigé, oscillant entre amusement et scepticisme, parfois même jusqu’à la défiance. Dans une jeune nation tout juste émancipée de l’influence britannique et encore incertaine quant aux manières d’incarner et de pérenniser ses idéaux fondateurs de liberté et d’indépendance, les concepts attachés au magnétisme, comme la manipulation, l’emprise ou l’altération des sens, connaissent une réception plus que réservée. Il faut attendre la fin des années 1820 pour que le mesmérisme trouve un terreau favorable à son développement outre-Atlantique. Cette implantation différée est due à plusieurs facteurs. Le contexte géopolitique conflictuel, à la charnière des xviiie et xixe siècles, place tout d’abord les États-Unis dans une position inconfortable envers l’Europe et génère un climat de méfiance, voire d’antagonisme préjudiciable aux circulations transatlantiques. À l’inverse, l’écosystème réformateur de la jeune République, la libéralisation du paysage religieux et l’accélération des échanges entre 1830 et 1850 vont concourir à l’épanouissement d’une variante étatsunienne du mesmérisme, conçue comme science de l’expérience religieuse, entre revendication à penser librement et invocation de la modernité.