2009
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Michel Woronoff, « Les survivants de Troie », Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité (documents), ID : 10670/1.e73ad5...
Dans l'lliade, la chute de Troie apparaît comme imminente : les présages l'annoncent, Zeus le confirme et Apollon admet que la ruine d'Ilios est inéluctable. Les comparaisons, les récits de prise de ville sont autant d'annonces de son destin. L'archéologie vient témoigner pour la destruction complète de la ville et son abandon entre 1100 av.J.-C et le VIIP siècle. Si, comme il est probable, le poète a visité la Troade et le site de Troie, il ne peut en avoir eu qu'une vision « archéologique ». Les informations qu'il nous transmet supposent donc, parallèlement aux récits achéens, une tradition troyenne conservée chez les survivants, réfugiés dans les collines de Troade. Cette survie du peuple troyen est confortée par les informations de Strabon sur la mainmise opérée par Ascagne et Astyanax sur la cité de Scepsis qu'ils transfèrent dans la haute vallée du Scamandre, en Troade du Sud. La présence d'Hectorides et d'Énéades à Scepsis expliquerait alors cette relation privilégiée du poète avec Troie et la Troade du Sud. En effet, si l'on admet que le poète compose pour un public aristocratique mêlé, constitué de familles prétendant descendre, les unes des héros achéens, les autres des combattants troyens, l'évidente sympathie du poète pour certains héros troyens, en particulier Énée et Hector, prend une tout autre dimension. On comprend alors pourquoi l'Iliade, première épopée guerrière de notre culture, est la seule où les raisons de lutter du peuple vaincu sont présentées avec autant de chaleur.