22 novembre 2017
Accès réservé à la communauté de Paris 8 , Toute reproduction même partielle est interdite sans la citation et/ou accord exprès de(s) l'auteur(s) ou ayant-droit(s)
François, « Déloger le peuple : l’Etat et l'administration des expulsions locatives », Octaviana, ID : 10670/1.e9760d...
Chaque année, près de 165 000 ménages locataires sont assignés au tribunal par leurspropriétaires dans d'une procédure d'expulsion pour dette locative, soit plus de 1% des ménagesrésidant dans le parc locatif de France métropolitaine. Fondée sur une enquête statistique etethnographique menée dans un département populaire de région parisienne, cette thèse restitue lesinégalités de trajectoire procédurale d'un échantillon de locataires en procédure d'expulsion, en lienavec l'activité des institutions publiques chargées de recouvrir leurs créances et d'administrer cecontentieux : commissions de travail social liées au droit au logement, tribunaux d'instance, bureaudes expulsions de la préfecture et commissariats de police. Elle met tout d'abord en lumière lesconditions et la rationalité économiques spécifiques qui conduisent un nombre important deménages populaires à suspendre le paiement du loyer plutôt que de recourir à d'autres circuitsd'endettement. La thèse analyse ensuite les dispositifs de recouvrement et les usages du droit quemobilisent les propriétaires afin de recouvrir et de sanctionner les créances locatives, et letraitement que réserve l'institution judiciaire à leurs demandes et aux locataires indisciplinés. Elleétudie enfin les logiques régaliennes de l'autorisation administrative et de l'exécution, par lesservices de l’État et les acteurs publics locaux, du concours de la force publique à l'encontre desménages condamnés par le tribunal et se refusant à quitter leur logement. En définitive, la thèseanalyse l'endettement locatif comme une transaction à crédit particulière, dont les dispositifs derecouvrement et de sanction coercitive font apparaître la violence légitime de l’État comme uneinstance nécessaire à la reproduction du marché du logement, de ses normes économiques commedes inégalités de statuts résidentiels qui le structurent.