2002
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Anne Belouze, « Compréhension morphologique et phylogénétique des taxons actuels et fossiles rapportés aux anguilliformes («poissons», téléostéens) », Travaux et Documents des Laboratoires de Géologie de Lyon, ID : 10670/1.ebhhds
Les Anguilliformes constituent le groupe le plus diversifié (21 familles) des élopomorphes (téléostéens). Ils occupent tous les océans mondiaux, pouvant parfois même coloniser les eaux douces. Ces poissons partagent des caractéristiques anatomiques telles que l’extension des ptérotiques venant au contact des pleurosphénoïdes, la perte de la ceinture pelvienne et un recul généralisé de la corbeille branchiale et de la ceinture pectorale. La très forte proportion de caractères ultra-spécialisés, notamment réductionnels, et qui restent mal connus, conduit les néontologues vers un constat d’impuissance : il est impossible, à partir des seules formes actuelles, de donner une description systématique complète et des relations phylétiques cohérentes du groupe. Par ailleurs, les «premiers» poissons anguillimorphes fossiles, provenant du Cénomanien du Liban, et peu étudiés, ne faisaient pas un consensus quant à leur appartenance ou non aux Anguilliformes. Ce travail propose d’inclure les données paléontologiques (plus spécialement les premières formes temporelles) dans une étude comparative anatomique globale. De nouveaux spécimens permettent une révision ostéologique complète des genres († Anguillavus, † Urenchelys, «† Eoenchelys», † Enchelion, «† Urenchelys»). Ils sont intégrés dans une analyse morphométrique utilisant la représentation du neurocrâne par points homologues, afin de localiser et quantifier les variations de forme. Ces résultats sont confrontés aux hypothèses phylogénétiques cladistiques. Comparé aux formes éocènes et actuelles, le matériel crétacé exhibe une architecture structurale beaucoup plus uniforme regardée comme l’archétype anatomique plésiomorphe des Anguilliformes, ordre désormais reconnu monophylétique. † Enchelion s’avère le premier Saccopharyngoidei connu. Cependant, ce «Bauplan» présente intrinsèquement une mosaïque complexe de caractères semblant rendre une image des processus évolutifs mis en jeu. Ces fossiles permettraient également de préciser, par géochimie, le paléoenvironnement accompagnant cette structuration morphologique et systématique. Ces anguilles crétacées apparaissent ainsi être un matériel exemplaire pour l’étude des modalités évolutives aux premières heures d’un groupe ultra-spécialisé dans la faune actuelle.