2008
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Bruno Étienne, « Le psychologue travaille-t-il ? », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (documents), ID : 10670/1.eca6bf...
Pensée comme activité humaine productrice de biens ou de services, la notion de travail s’impose dès lors qu’elle met en jeu des échanges mesurables entre des personnes. Cette relation est claire s’agissant de la fabrication d’un objet manufacturé destiné à être consommé (les automobiles, par exemple), ou encore s’agissant d’un service rendu à la collectivité (comme la distribution du courrier). Mais il existe aussi des activités sociales que l’on considère comme travail parce que, notamment, elles donnent lieu à rémunération pour ceux qui les accomplissent, bien que la nature et la quantité de l’échange qui est engagé restent largement indéterminées. Dans cette perspective, on pourrait se demander en quoi la pratique de la psychologie peut être assimilée à une activité de travail, considérant que la relation d’aide ou de conseil qu’elle suppose relève tout aussi bien d’un régime domestique (Boltanski et Thévenot, 1991), que toutes les sociétés n’ont pas choisi de confier les activités de soins corporels ou psychiques à des spécialistes identifiés comme « travailleurs » (Freidson, 1986) ou que la professionnalisation de la psychologie en Occident est somme toute d’apparition très récente (Paicheler, 1992). Plus précisément, si on entre au cœur de l’interaction psychologue professionnel/consultant, et si l’on admet avec Hugues (1958) qu’en ce lieu s’échangent des secrets entre des personnes privées, il faut essayer de déterminer quels sont les processus sociaux qui ont conduit à faire entrer dans la catégorie de « travail » des pratiques qui relèvent à l’origine de l’activité communicationnelle ordinaire des hommes en société. Pourquoi considérer alors l’échange de mots dans un tête-à-tête comme du travail quand rien ne semble le différencier de la conversation intime prise dans d’autres contextes ?