27 mars 2010
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Nicolas Pierrot, « Les Images de l'industrie en France, peintures, dessins, estampes (1760-1870) », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.eclo4x
Quels regards les artistes ont-ils portés, en France, sur les ateliers et les usines de la première industrialisation ? Depuis le « temps des indiennes » jusqu’à 1870, avant même l’épanouissement de la cheminée d’usine dans le paysage impressionniste et la reconnaissance de l’ouvrier d’industrie dans les Salons républicains, la thématique s’est développée, discrète mais toujours présente. Ceux qui s’en emparèrent ne désignèrent pas d’emblée l’industrie comme altérité culturelle. Plusieurs toiles, de nombreux dessins, eaux-fortes et lithographies montrent de l’industrie française – ses paysages, l’intérieur de ses ateliers – un visage bigarré qui invite au dialogue pluridisciplinaire.De l’extérieur, les architectures variées de la production sont autant de « curiosités » croisées sur les chemins pittoresques. Elles sont révélées, depuis les Lumières, par l’effort de description du territoire. Quelques artistes suggérèrent la possibilité d’un dialogue entre l’industrie et la nature, autorisant parfois un regard libre et interrogateur sur les nouveaux artéfacts, hautes installations et cheminées fumantes. Ce faisant, quelques entrepreneurs commandèrent le « portrait » de leur établissement, et la lithographie devint le support élogieux de la vue d’usine. A l’intérieur, le plus souvent sur commande, quelques artistes chantèrent la grandeur des espaces, la maîtrise de l’instrument de production, des outils, des machines, dans une narration aujourd’hui décryptée par l’histoire des techniques et l’histoire des formes de la représentation. Les hommes ne sont pas absents. C’est d’abord le groupe et l’espace de production qui dominent, dans l’œuvre d’un Rossetti comme dans celle de François Bonhommé, avant la singularisation tardive de l’ouvrier grandeur nature.