2017
Cairn
Alain Mothu, « Mercure magicien : une formule pour faire parler les bêtes », Réforme, Humanisme, Renaissance, ID : 10670/1.edb2k7
Au troisième dialogue du Cymbalum Mundi (1537) de Bonaventure des Périers, le dieu Mercure décide de faire parler un cheval de trait nommé Phlégon. Pour cela, il utilise une formule magique dont beaucoup d’interprètes ont prétendu qu’elle n’avait aucun sens. Seuls de rares critiques y ont vu un mélange de grec et de latin, mais leurs traductions n’ont pas vraiment convaincu. C’est qu’ils négligeaient la possibilité que l’auteur ait recouru à d’autres langages européens, comme le Portugais et, surtout, quelque jargon paysan de l’Est de la France.Au-delà de cette question linguistique, comme Mercure est un masque du Christ dans le Cymbalum Mundi, il est tentant de regarder cet épisode comme une reprise satirique de la vieille accusation faisant de Jésus un magicien (et non l’auteur de miracles), et notamment une parodie du passage de Marc (Mc. VII, 31-37) où celui-ci emploie la mystérieuse formule Hephathah (« Ouvre-toi ! ») pour faire parler un sourd-muet.