2017
Cairn
Brigitte Maréchal et al., « Les Belges entre certitudes et indifférence : incommunication et identité hybride », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.edur2a
Cet article entend engager l’incommunication qui semble caractériser la société civile belge dans sa relation à l’islam, mais aussi les rapports entretenus entre musulmans et non musulmans en Belgique, au départ des processus de socialisation et des modalités de transmission et de réception d’aspects culturels qui s’y rapportent. Un détour par l’histoire longue nous permettra de rappeler que si la communauté musulmane de Belgique est composée de personnes issues de vagues récentes d’immigration, les premières implantations musulmanes, et donc les premières rencontres entre l’islam et l’Europe, datent du viiie siècle ; les imaginaires autant que les historiens gardent traces de relations marquées par des antagonismes plus ou moins sanglants : invasions, croisades, colonisations. Cependant, c’est à partir des années 1960 (avec les « primo-arrivants ») que l’incommunication prend ses tonalités contemporaines : à l’indifférence réciproque entre État belge et « primo-arrivants » succédera l’absolue nécessité de transmettre un héritage culturel chez ces derniers, tandis qu’on abandonnera les secondes générations de musulmans au pied d’un mur d’identités multiples à conjuguer. Aujourd’hui, plutôt que la course de chacun pour la « certitude de soi » posée en finalité du processus de construction identitaire, il s’agit peut-être de rendre sa place à l’incertitude au début d’un effort – aussi riche qu’inconfortable – de co-inclusion de nos fragilités.