17 janvier 2019
Isabelle Sacareau, « Pressions sur la ressource en eau et en sol dans le massif de l’Everest (Népal)- Compte-rendu de fin de projet- Résumé public », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.eeaiuf
Disponibilité, usages et gestion de l'eau dans l’Himalaya du Népal (Everest) dans le contexte du changement climatique et de la croissance du tourismeDans la région touristique de l’Everest, les besoins en eau et en électricité des touristes et des habitants, l'essor de cultures maraîchères et fourragères pour les animaux de bât ainsi que la multiplication de micro centrales hydro-électriques captant l'eau des torrents secondaires, accentuent la pression sur la ressource en eau et en sol. Cette recherche pluridisciplinaire (géographie, hydrologie, glaciologie, climatologie) vise à confronter des données hydroclimatiques encore mal connues liées au changement climatique (fonte des neiges et des glaciers, variations des précipitations, débits et disponibilité saisonnière de l’eau des torrents) avec les usages et les modes de gestion de la ressource en eau par les sociétés locales, afin de mieux situer la part des facteurs environnementaux et des facteurs socio-économiques dans les changements observés. Il s’agit ainsi de déterminer la part des précipitations pluvieuses, neigeuses et de la fonte des glaces dans le bilan hydrologique ; d'analyser dans le temps et dans l'espace l'impact des variations de la disponibilité en eau sur les activités économiques ; d'analyser les modes de gestion de l'eau et l'inégal accès des habitants à la ressource ; et d'évaluer les modes possibles d'adaptation des sociétés locales aux tensions prévisibles sur cette ressource.Des observations et approches modélisatrices des glaciologues et hydrologues croisées avec les méthodes d'enquête de terrain des sciences socialesIl s’agissait de quantifier la contribution des précipitations solides et liquides, de la fonte des glaciers et du couvert neigeux, aux différents réservoirs (surface, sol, sous-sol) dans 5 sous-bassins-versants de la Dudh Koshi comportant des surfaces englacées, des activités agro-pastorales et une forte présence du tourisme. Des estimations de bilans glaciaires ont été faites sur des glaciers blancs et des glaciers couverts et des cartes de la dynamique du couvert neigeux établies à partir de synthèses d'images satellites (MODIS, SPOT VGT). Plusieurs modèles hydrologiques (DHSVM, ISBA-SURFEX, HDSM, J2000), forcés par les données de terrain issues des stations de mesure hydroclimatiques et complétées par des données de ré-analyse, ont été testés et comparés afin de réduire les facteurs d'incertitude. Une enquête systématique géolocalisée sur les consommations d'eau et d'électricité a été menée dans 187 unités d’habitations. Des entretiens auprès des habitants et des acteurs de l'eau et du tourisme et une cartographie des précipitations, des sols, des sources, des moulins à eau et des systèmes d'adduction d'eau et équipements hydroélectriques recensés sur le terrain ont été réalisés. RésultatsLa région globalement ne manque pas d’eau. La variabilité saisonnière des précipitations influence le régime hydrologique des torrents plus que la fonte des glaces. La croissance des besoins entraîne des tensions saisonnières en particulier sur la fourniture hydroélectrique. Elles sont liées au décalage entre disponibilité en eau et calendriers agricoles et touristiques et aux modalités de gestion de l’eau qui produisent des inégalités, alors même que les systèmes hydroénergétiques actuels commencent à atteindre leurs limites.Le programme a conduit à une spatialisation de l’information climatique (températures et précipitations), à une adaptation d’outils de modélisation, à une quantification de la fonte (neige et glaciers) et des écoulements ainsi qu'à une spatialisation des données sociales, à la mesure des consommations hydroélectriques et à une meilleure connaissance du fonctionnement territorial dans le contexte des changements globaux. Les résultats ont donné lieu à plus d’une centaine de publications scientifiques.Le programme Preshine est un projet de recherche fondamentale coordonné par l’UMR 5319 Passage. Il associe aussi le Centre d’Études Himalayennes de Villejuif, le laboratoire Hydrosciences de Montpellier, avec une participation de l’Institut IEES de Paris, le laboratoire IGE de Grenoble et le CNRM-GAME de Grenoble, ainsi que plusieurs partenaires au Népal (l’Université Tribhuvan, la Nepal Academy of Science and Technology, ICIMOD et EvK2-CNR). Le projet a commencé en janvier 2014 et a duré 60 mois. Il a bénéficié d’une aide de l’ANR pour un coût global de 839 951,00€.