2012
Cairn
Ann-Laura Stoler et al., « Raison mise à part : Réflexions sur les Lumières et l'Empire », Mouvements, ID : 10670/1.eep8aq
Pour « décoloniser les savoirs », il n’est pas inutile d’examiner historiquement les savoirs concrets déployés par les pouvoirs coloniaux eux-mêmes. Les chercheurs ont longtemps considéré la raison des Lumières comme le principe organisateur de nombreux aspects de l’entreprise coloniale européenne à partir du XVIIIe siècle. Pour Ann Laura Stoler, historienne et anthropologue, la lecture des archives de l’Empire néerlandais révèle que « les considérations épistémiques ne sont ni transcendantes, ni abstraites » : elles relèvent de la pratique du gouvernement colonial, qui comporte autant d’incertitude et d’improvisation que d’usage de savoirs rationnels, comme le montre le cas de l’invention des catégories raciales pour classifier les populations colonisées.