2019
Cairn
Stéphane Ederhy et al., « Cardiotoxicité induite par le 5-fluoro-uracile et la capécitabine », Hépato-Gastro & Oncologie Digestive, ID : 10670/1.efa7d8...
La fréquence de la toxicité cardiaque du 5 fluoro-uracile (5-FU) et de ses dérivés est évaluée jusqu’à 20 % selon les études. Les mécanismes de cette toxicité sont mal élucidés et probablement multiples. Le 5-FU pourrait induire des spasmes coronariens, voire des véritables myocardites. Il pourrait aussi moduler la coagulation intravasculaire entraînant des occlusions microthrombotiques ou entraîner une dysfonction mitochondriale des cardiomyocytes. Les manifestations cliniques sont variées incluant la douleur angineuse, la plus fréquente, les troubles du rythme et l’insuffisance cardiaque. Elles peuvent survenir jusqu’à 72 heures après l’administration de 5-FU, la chronologie de survenue étant plus variable pour la capécitabine. Les événements cardiaques majeurs tels infarctus du myocarde, choc cardiogénique et mort subite surviennent chez 0 % à 2 % des patients selon les études. Des antécédents de cardiopathie ou des anomalies préexistantes de l’ECG ne semblent pas être prédictifs de la survenue de cette toxicité. La prise en charge immédiate consiste en l’arrêt de la perfusion ou du traitement per os, la réalisation d’un électrocardiogramme et d’un dosage de troponine pour éliminer un syndrome coronaire aigu. La demande d’un avis cardiologique en urgence ou selon les cas, avant l’administration suivante est nécessaire. En cas de douleur angineuse, un traitement par vasodilatateurs doit être tenté, permettant de faire disparaître les symptômes chez 69 % des patients. La réintroduction du 5-FU doit se décider au cas par cas. Le risque de récidive des manifestations cardiaques est de 47 % à 82 %, souvent sur un mode plus précoce et plus grave. La prévention secondaire, basée sur les traitements anti-angineux est très controversée. Si la réintroduction est décidée, elle doit se faire après un bilan cardiologique complet, le plus souvent dans un service de cardiologie et sous couvert de vasodilatateurs mais sans qu’aucun consensus ne soit validé actuellement.