2005
Cairn
Boris Yudin, « Chapitre 6. Values of Preservation and Values of Change in Bioethics », Journal International de Bioéthique, ID : 10670/1.ejlcz2
Depuis l’origine, la bioéthique a été dominée par des « valeurs de conservation », qu’il s’agisse de préserver la vie sur terre, ou la vie humaine, la santé, les droits, la dignité, l’autonomie. Cette bioéthique, que l’on peut qualifier de traditionnelle, met l’accent sur la nécessité de préserver, de sauvegarder l’ordre des choses environnantes qui pourrait être aisément et irréversiblement détruit par notre action brusque et irraisonnée. Aussi, cette approche de la bioéthique a-t-elle beaucoup en commun avec l’éthique de l’écologie.Pourtant, il existe une seconde approche de valeur dans le domaine de la bioéthique. Elle insiste sur les valeurs en relation avec les changements dans l’ordre (naturel) des choses, ces changements étant conduits par nos intérêts, nos désirs et nos rêves. Cette version de la bioéthique dément notre perception de l’exigence d’une protection de notre environnement. La nature y est, en effet, traitée comme une matière première plus ou moins transformée en fonction de nos projets et de nos moyens technologiques nécessaires pour accomplir nos objectifs. Cette opposition entre deux systèmes de valeurs peut être présentée comme celle existant entre un naturaliste, (pur) observateur des phénomènes du monde intérieur et extérieur et un chercheur dont l’action interventionniste produirait, après tout, de réels changements dans le monde.