Retour du pouvoir personnel. Résonances psychiques et figures du trauma

Résumé Fr En

La Tunisie a connu ces dernières années des bouleversements politiques majeurs : une révolution qui a mis fin à plus de cinquante ans de dictature, suivie d’une décennie démocratique, récemment interrompue.Quel est l’impact de la dimension politique sur la réalité psychique du patient, et celle de l’analyste ? Comment le politique affecte l’espace de la cure ?A partir d’exemples cliniques, ce texte interroge les spécificités psychiques conscientes et inconscientes d’un sujet qui « vit sous dictature », notamment le recours au clivage de sa personnalité, et la prise de la dictature dans le corps pulsionnel.Si la « décennie révolution » a pu constituer un véritable agent de réparation narcissique et produire des déplacements significatifs de l’idéal du moi, quels sont les effets du retour du pouvoir autocratique sur les subjectivités ? Entre sentiment de déprivation et blessure narcissique liée à la perte de l’objet « démocratie », le retour de la dictature semble être vécu par le sujet comme un trauma révélé dans l’après-coup.

In recent years, Tunisia has gone through major political changes: a popular revolution (2011) that brought down fifty years of dictatorial rule was followed by ten years of democratic politics. This democratic decade suddenly ended with the establishment of the current regime. What impact does the political have on the psychic reality of the patient ? Of the analyst ? How did this tumultuous decade reshape the analytic space ? Relying on numerous clinical cases, this essay probes the psychic specificities, both conscious and unconscious, of a subject living “under dictatorship.” It pays particular attention to personality splitting and to the implications of dictatorship for the drive body.While the revolutionary decade served as an agent of narcissistic repair, producing significant shifts in the ideal ego, what are the effects of the return to autocratic power on subjectivities ? Between feelings of deprivation and narcissistic wounds associated with the loss of the object “democracy,” the return of dictatorship seems to be experienced as a trauma revealed in the après-coup.