2022
Anne Massoni, « Chanoines séculiers de la France méridionale et transgression de la norme canonique au Moyen Âge central : autour du célibat ecclésiastique », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.em94eq
L’obligation du célibat pour les clercs ordonnés dans les ordres majeurs est une constante du droit canonique depuis l’Antiquité tardive mais elle devint plus urgente avec la réforme grégorienne. Or, l’examen minutieux de la documentation diplomatique produite par les chanoines de Saint-Étienne d’Agde, Saint-Nazaire-Saint-Celse de Béziers, Saint-Nazaire-Saint-Celse de Carcassonne, Sainte-Eulalie d’Elne, Saint-Genès de Lodève, Saint-Pierre de Maguelone, Notre-Dame de Nîmes et Saint-Sernin de Toulouse montre que cet impératif fut largement contourné à l’époque carolingienne et qu’il l’était encore dans plusieurs chapitres au XIIe siècle. Cela ne contrevint pas pour autant à la pratique de la vie commune. Bien plus que la législation canonique, c’est l’imposition de la règle augustinienne à certains chapitres qui entraîna le respect du célibat et la transgression de la norme chez ceux qui restèrent séculiers ne fut pas une incartade individuelle, mais bien une résistance corporative venue de l’élite du clergé.