L'écoute (de l'autre)

Fiche du document

Date

2008

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn


Résumé Fr En

L’écoute est, tout à la fois, un comportement, une attitude, impliquant autant, au niveau du sujet, une disposition et une disponibilité du corps, qu’une attention soutenue de l’esprit, soucieuse de logique et de cohérence, mais aussi stimulée, provoquée et motivée par une affectivité inévitablement plus capricieuse ; l’ensemble témoignant l’hypothèse explicite d’un autrui distinct de soi-même, également source d’intentionnalités et de capacités. En ces sens, l’écoute implique le « penser ». On peut alors la représenter soit en termes de procédures (comment susciter, obtenir, établir, maintenir, optimiser, témoigner, l’attitude adéquate ?) – qui deviendront alors techniques, instrumentales, méthodologiques –, soit en termes de processus (qu’éprouve-t-on, que vit-on à la faveur de tels mouvements psychiques ?). Tandis que ces derniers (processus) s’inscriront dans une temporalité-durée qui assurera leur élaboration et leur maturation lentes, en obéissant à un devenir plus biologique que mécanique, les autres (procédures) seront plus construites, plus rationnelles, plus techniques, plus modélisées, plus découpées, de la sorte plus spatialisées, façons de faire, finalement, pour les unes, plus que façons d’être et d’exister, pour les autres. Bien entendu, ces formes de représentations apparaîtront tout à fait hétérogènes, les unes par rapport aux autres, en traduisant des visions du monde et des philosophies très différentes, quand elles ne s’affirmeront plus franchement antagonistes, correspondant au demeurant assez bien à la distinction classique entre l’ Homo faber et l’ Homo sapiens. Celui-ci relève toujours, en effet, au moins pour partie, du désordre de la compréhension, selon notre acception des termes de Dilthey, tandis que celui-là se réclame plutôt de l’ordre de l’explication. L’intelligibilité fine de la notion d’écoute tient, selon nous, à la distinction, comme à l’articulation contrastée, de ces deux lectures hétérogènes.

Listening is a behaviour, it is also an attitude implying for the subject a disposition and receptiveness of the body, as well as a sustained attention of the mind, concerned with logic and coherence, but also stimulated, provoked and motivated by a form of affectivity which is inevitably more unpredictable. These behaviours give evidence to the explicit hypothesis of the other as distinct from the self, and also as the source of intentionalities and abilities (needs, desires, plans, rationality). From these meanings, listening implies thinking. We can then represent it either in terms of procedures (how to create, obtain, establish, maintain, optimize, show the accurate attitude) – these procedures then become techniques, tools or methods – or in terms of process (what do we feel through such psychic moves ?) The processes develop in a temporality which provides their slow elaboration and maturation in obeying a more biological than mechanical future, whereas the procedures are more elaborate, rational, technical, modelized and segmented, thus more spatialized. The former are ways of acting, the latter are ways of existing. Of course these forms of representation seem heterogeneous, translating very different ways of seeing the world and very different philosophies. They can even claim to be antagonistic, which roughly corresponds to the classical distinction between Homo faber and Homo sapiens. The former is, at least partly, a matter for comprehension, in our acceptation of Dilthey’s terms, whereas the latter is a matter for explanation. The subtle intelligibility of the notion of listening is linked to the distinction between, as well as the contrasted articulation of the two heterogeneous readings.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en