Benjamin et Marinetti : fragments d’une mise au point sur l’esthétisation

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Walter Benjamin utilise le « manifeste sur la guerre italo-éthiopienne » de Marinetti pour étayer sa fameuse théorie de l’esthétisation. Il verse l’artiste italien au compte de l’art pour l’art, alors même que son propos vise plutôt, assez grossièrement, la mise de l’art au service de la guerre et de la politique. C’est faire référence aux innovations formelles préconisées par les futuristes, mais dont, pour le coup, le rapport avec l’idéologie fasciste, même proclamée, est pour le moins ambigu. L’identification de l’artiste innovateur, déconstructeur et provocateur à l’homme nouveau fasciste, « fier, volontaire, ascétique et guerrier », ouvre sur une impasse.

Walter Benjamin uses the “manifesto on the Italian-Ethiopian war” of Marinetti to support his famous theory of the aesthetization. He pours the Italian artist to the account of the art for the art, whereas his purpose aims rather, rather roughly, the setting of the art to the service of the war and the politics. It is to make reference to the formal innovations advocated by the futurists, but of which, for the blow, the report with the fascist ideology, even proclaimed, is at least ambiguous. The identification of the innovative, deconstructive and provocative artist to the new fascist man, “proud, voluntary, ascetic and warlike”, opens on a dead end.