Dumas parodié

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Depuis Henri III et sa cour jusqu’à Kean, le théâtre de Dumas suscite les réécritures et les commentaires moqueurs. Soucieux d’instaurer une connivence avec leur public, les parodistes décalquent l’intrigue, mais ravalent les personnages à un rang social nettement inférieur, leur faisant tenir un langage truffé d’incorrections et de mots à double entente. Réprouvant les audaces du drame au nom du bon sens classique, ils aggravent l’invraisemblance ou l’indécence de certaines scènes. L’illusion théâtrale est compromise par les commentaires sur l’action ou sur le jeu des interprètes (Lockroy, Bocage, Mlle George). Par-delà l’œuvre de Dumas, la polémique vise l’ensemble des romantiques, en particulier Musset et l’auteur d’Hernani — un méchant mélodrame impudemment joué sur la scène du Théâtre-Français. L’incompréhension de l’esthétique romantique est patente. Pourtant, les parodistes mettant à profit la liberté qu’autorise un genre réputé futile, les ganaches classiques ne sont pas davantage épargnées par la critique; les couches populaires font l’objet d’une peinture réaliste. Après les événements de Juillet 1830 qui intronisent le roi citoyen et suppriment la censure, une évolution est sensible : Dumas fait jouer ses pièces sur les scènes secondaires, ce qui paraît moins choquant. Plus consensuel que Hugo, il sacrifie aux goûts du jour en consacrant une vaste fresque historique à Napoléon Bonaparte; les héros insoumis sont matés ou éliminés au dénouement. Aussi les parodistes donnent-ils désormais à lire des témoignages de spectateurs fictifs, totalement imperméables à la dimension politique de drames tels qu’Angèle.

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