« Les putes sont des hommes comme les autres. »

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2003

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Elsa Dorlin, « « Les putes sont des hommes comme les autres. » », Raisons politiques, ID : 10670/1.ezzvxb


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Selon Gail Pheterson, le « stigmate de putain », comme les législations anti-prostitution, sont des instruments de contrôle sexiste touchant toute femme, prostituée ou non, qui transgresse les « codes discriminatoires du genre ». Toutefois, si le contrôle se déploie sans distinction, que l’on soit femme ou femme prostituée, le concept de « stigmate » ne rend pas suffisamment compte de la spécificité du processus historique de domination qui s’exerce sur les prostituées, considérées comme une véritable classe à part au cœur du groupe des femmes. Ainsi, la généalogie de la figure de la prostituée montre comment, au moins depuis l’âge classique, la médecine a défini, et même construit, un corps singulier, un organisme stérile, physiologiquement spécifique à la prostituée, lui octroyant tous les traits et les caractéristiques de la virilité. Si les putes sont des hommes comme les autres, la prostitution peut ainsi être pensée comme un espace d’homosocialité, bien distinct de celui de la conjugalité et de la filiation. Dans ces conditions, produit d’une véritable mutation de genre, jouant sur et avec les identités sexuées, cette liberté toute virile de la prostituée, loin de transgresser les lois du genre, serait plutôt le pur produit d’un rapport de pouvoir.

Gail Pheterson maintains that the “stigma” attaching to the prostitute is, like anti-prostitution legislation, an instrument of sexist control affecting all women – whether prostitutes or not – who transgress “discriminatory gender codes”. However, while this control is applied to women in general, and not simply to those who are prostitutes, the concept of “stigma” does not suffice to provide a comprehensive picture of the specific nature of the historical process of domination affecting prostitutes, who are viewed as forming a class apart within the group formed by women in general. The genealogy of the figure of the prostitute illustrates how, at least since the classical age, medicine has defined – and even constructed – a singular body, a sterile organism, physiologically peculiar to the prostitute and incorporating all of the features and characteristics of virility. If whores are men like everyone, prostitution can be viewed as forming a domain for homosociality, as distinct from that of conjugality and filiation. In that case, rather than transgressing the laws of gender, the virile freedom of the prostitute, which is born of a gender mutation and plays on and with sexual identities, is purely the result of a power game.

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