8 janvier 2025
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Juliette Robert, « Paradoxes temporels dans l'implantation d'un dispositif d'accompagnement à l'orientation étudiante et dans son évaluation », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.f30d1c...
En France, l'évaluation des dispositifs éducatifs est croissante. Elle est, par exemple, systématiquement intégrée aux projets financés « Nouveaux Cursus à l’Université ». Face aux taux élevés d’échec et de réorientations (Minault et al., 2020) en première année de licence, des dispositifs d’accompagnement à l’orientation, comme Réopass implanté à l’Université Clermont-Auvergne, ont récemment vu le jour. Cependant, leur évaluation porte souvent sur leurs résultats (taux d’inscription, de réussite notamment), omettant les processus de leur implantation située, qui nous conduisent à considérer le dispositif Réopass comme un construit social situé dans son milieu (Younès, 2020). Cette communication tentera de mettre en lumière les paradoxes temporels inhérents à l'implantation de ce dispositif, en nous appuyant sur le concept de « synchronisations temporelles » (Pineau, 2000), qui souligne les tensions entre rythmes institutionnels et individuels dans l’implantation du dispositif. Notre démarche évaluative de Réopass nous a conduit à repérer cinq paradoxes éclairant certains des processus de son implantation. Ainsi, 1) le rythme institutionnel synchroniserait le rythme des étudiants dans leur orientation, tous les étudiants n’ayant pas élaboré un projet « dans les temps ». 2) Le rythme du dispositif se confronterait à celui des enseignants-référents, souvent saturé par des missions multipliées et parfois périphériques au métier d’enseignant-chercheur. 3) Le rythme institutionnel (règles temporelles de gestion des étudiants notamment) synchroniserait l’implantation du dispositif. 4) Il synchroniserait également le rythme des évaluations-régulations du dispositif, limitant et cadençant les possibles régulations de Réopass. Enfin, 5), il synchroniserait la temporalité de l’accompagnement, requérant du temps (Colognesi et al., 2021 ; Paul, 2020 ; Savickas et al., 2010), au-delà de la rapidité des parcours érigée comme valeur (Paivandi, 2015). Les résultats soulignent la nécessité de considérer les paradoxes temporels dans l’évaluation institutionnelle des dispositifs afin de permettre un réajustement de l’évaluation au plus proche des contingences contextualisée d’implantation.