2025
Cairn
Koshy Tharakan et al., « Husserl’s Crisis Text and the Spatial Turn in Philosophy of Science », Philosophia Scientiæ, ID : 10670/1.f30d21...
La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (Krisis) marque le point culminant de la phénoménologie génétique de Husserl et le début d’une nouvelle philosophie des sciences, qui considère la science non pas comme un fait, mais comme un problème nécessitant d’une compréhension philosophique. Pour Husserl, la crise de la science galiléenne résulte de la rupture de sa relation avec le monde de la vie et de l’identification erronée de la « Nature » avec son objet mathématique ou quantifiable constitué. Dans la philosophie phénoménologique de la science, la science est une tradition formée par la praxis humaine, comme toute autre entreprise culturelle. L’objectivité dans la pratique scientifique est un principe régulateur constitué par le consensus des jugements de la communauté scientifique. La continuité de la connaissance scientifique se manifeste par l’unité du transfert de sens propagé, dont la sédimentation est assurée par le langage. Bien que le monde scientifique soit ontologiquement ancré dans le monde de la vie, Husserl a cherché de préserver l’autonomie des deux mondes. Afin d’apprécier pleinement les implications de la contribution de Husserl à la philosophie de la science, cet article identifie le « tournant spatial » que Husserl a introduit à travers sa notion « moins mathématique, plus physique» du monde de la vie avec le virage à 90° dans les études sociales de la science que Latour a proposé. Le monde de la vie fusionne la « Nature » et la « Société » en une seule entité ontologique qui donne naissance à la science, s’éloignant ainsi d’une science unidimensionnelle qui maintenait l’ontologie de la science ancrée dans l’un de ces pôles uniquement. Malgré les limites de l’épistémologie phénoménologique husserlienne, la Krisis s’est radicalement écartée du positivisme, la philosophie des sciences officielle de l’époque, en embrassant l’historicité et le langage pour élargir notre discours sur la science et en se rapprochant même de certains développements ultérieurs de la philosophie des sciences. Les méditations de Husserl sur la spatialité ont également favorisé une transition vers la compréhension contemporaine de l’espace, ouvrant des possibilités de dialogue avec Foucault.