17 avril 2023
Solène Chevallier et al., « Approche diachronique des pratiques alimentaires et de la mobilité au cours de la Préhistoire en Auvergne : une étude bioarchéologique et multi-isotopique », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.f34494...
Le Néolithique et l’âge du Bronze sont des périodes de transition importantes, marquées par des évolutions techniques et sociales, qui se retranscrivent tant dans les pratiques alimentaires que dans l’organisation territoriale. Les sites étudiés, tous occupés pendant ces périodes et situés dans la Limagne de Clermont-Ferrand, nous permettent d’appréhender ces changements socio-économiques en Auvergne, à travers les pratiques alimentaires et la mobilité. Le site d’Aulnat Zalo, fouillé récemment, a livré des vestiges datés du Néolithique à l’Antiquité. Les 28 sépultures découvertes sont attribuées au Néolithique, phase d’occupation caractérisée par un puit, à l’âge du Bronze, durant lequel l’occupation est strictement funéraire. Le site de Veyre-Monton est occupé du Néolithique à l’âge du Bronze. Il est caractérisé par une série d’alignements de menhirs, une première en Auvergne, ainsi qu’une sépulture monumentale attribué à un sujet de sexe masculin. Les données inédites de ces deux sites seront comparées à celles, déjà publiées pour l’âge du Bronze ancien, de Chantemerle, Machal et Orcet, choisis notamment pour leur proximité géographique avec Aulnat Zalo et Veyre-Monton. A partir d’une approche bio-archéologique, ce travail a pour objectif de discuter des pratiques de subsistances et de la mobilité pendant ces périodes de transition en évaluant la variabilité des ressources consommées et les déplacements réalisés par les défunts. Des analyses des rapports isotopiques du carbone, de l’azote et du soufre ont été réalisées sur le collagène osseux afin de caractériser l’accès aux protéines et inférer sur les comportements au cours des dernières années de la vie des individus. Les ratios isotopiques du carbone et de l’azote ont pu être effectués sur un corpus de 144 vestiges osseux archéologiques du Néolithique et de l’âge du Bronze, correspondant à 44 spécimens animaux et 100 individus humains. Le corpus faunique comprend des bovins (Bos taurus), des caprinés (Ovis aries, Capra hircus), des porcs (Sus scrofa domesticus) ainsi que des chiens (Canis lupus familiaris). Les 100 sujets humains représentent 34 immatures et 65 adultes, parmi lesquels 21 de sexe féminin et 20 de sexe masculin ont été identifiés. Les compositions isotopiques du soufre ont été réalisées sur un corpus plus restreint, entièrement daté de l’âge du Bronze, de 37 animaux et 64 humains. Les résultats isotopiques des animaux ont été analysées statistiquement afin d’identifier un référentiel pour la région, ce qui a permis de mettre en évidence des ressources alimentaires distinctes. On observe également une évolution des pratiques alimentaires au cours du temps, avec au Néolithique et à l’âge du Bronze ancien, un apport protéique majoritairement animal, puis, à partir du Bronze récent une consommation différentielle selon les individus de végétaux de type C4, comme le millet. Les résultats des analyses du soufre montrent une faible variabilité au sein des sites à l’âge du Bronze, pouvant témoigner de déplacements différents de ceux connus au Néolithique.