Images de l’altérité au Paléolithique.Essai sur le rôle des figures humaines magdaléniennes sur support mobilier

Résumé En Fr

The image of the other raises numerous philosophical, ethical or cultural questions. The extremely abundant depictions of human bodies and heads in Palaeolithic mobiliary art bring forth this expression of the « Other », of « Self ». This desire for « depiction », so important in the Magdalenian, poses some very profound questions about « self awareness » in these different populations. How can prehistoric archaeology tackle these depicted bodies ? How can our discipline understand the identities of such images and the link between the image of the other and theconstruction of identities ? We can consider identity in terms of its culture, its ethnic membership, or its geographical origins. These images of bodies being presented are probably the reflection of these differences, of the expression of one’s identity in terms of the « image » of the Other. This other may be human, animal, real, imaginary or a fantasy. The other seems to display varying defining contours which one needs to study, and which allow one to tackle notions of territory. It is not the identity which creates the difference, but the opposite (Amselle 1987). It is because a difference is displayed that it is possible to affirm one’s (individual and collective) identity. Consequently, identity is not simply a natural opposition, but is based on a relationship displayed by difference. It is from this viewpoint that we propose an analysis of portable human depictions on bone. The « image-objects » with a variety of functions were in close contact with the other. These images were visible, portable and exchangeable, and materialised images of difference. Through a dynamic typological modelling of the human depictions, we shall interrogate these forms with bodies that are moving and in a narrative connection with the « other »

L’image de « l’autre» fait resurgir des interrogations d’ordre philosophique, éthique ou culturel. Les très nombreuses représentations de corps humains sur support mobilier au Paléolithique font émerger cette expression de « l’autre» et de « soi ». Cette volonté interroge sur les différentes prises de « conscience de soi » par ces populations au cours du Paléolithique, dont l’altérité en est le mécanisme. Comment l’archéologie préhistorique peut-elle aborder ces corps en représentations ? Comment notre discipline peut-elle répondre aux enjeux identitaires de telles images et interpréter le lien entre l’image de l’autre et la construction des identités ? Nous pouvons considérer l’identité en fonction de sa culture, de son appartenance ethnique ou de ses origines géographiques. Les images produites par ces collectifs paléolithiques, notamment les représentations de corps humains, peuvent jouer un rôle important dans la construction et l’affirmation des identités. Celle-ci ne peut se faire sans le souci du rapport à « l’autre». Cet autre peut être humain, animal, réel, imaginaire ou fantasmé. Il peut afficher des contours définitoires ou fluctuants sur lesquels il faut se pencher. Ce rapport à l’autre et à soi permet d’aborder la dimension environnementale et donc du territoire. Ce n’est pas l’identité qui crée la différence, mais l’inverse (Amselle 1987). C’est parce qu’une altérité est posée qu’il est possible d’affirmer son identité (individuelle et collective). L’identité n’est pas simplement une opposition de nature, mais elle se fonde sur une relation dynamique inhérente à l’altérité. Nous avons comme hypothèse que c’est dans ces rapports de force que prennent forme les choix de représenter le corps. Les conceptions des corps humains à travers leur représentation constituent un indicede leur fonction sociale. C’est pourquoi nous proposons une analyse des représentations humaines sur support mobilier, particulièrement présent dans l’art paléolithique, donnant des dimensions multiples à l’objet ainsi décoré. Ces « images-objets » aux fonctions variables, où sont représentés des corps étaient, du fait de la nature mobile de leur support, en contact étroit avec la vie quotidienne, donc en lien avec « l’autre ». Elles étaient visibles, échangeables et matérialisaient, par les choix de représentations (choix formels et iconographiques), une expression de l’altérité. À travers une modélisation typologique dynamique des représentations humaines, nous interrogerons ces corps en mouvement et en liaison narrative avec « l’autre »

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