2016
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Oscar Fuentes et al., « Images de l’altérité au Paléolithique.Essai sur le rôle des figures humaines magdaléniennes sur support mobilier », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.f3c60b...
L’image de « l’autre» fait resurgir des interrogations d’ordre philosophique, éthique ou culturel. Les très nombreuses représentations de corps humains sur support mobilier au Paléolithique font émerger cette expression de « l’autre» et de « soi ». Cette volonté interroge sur les différentes prises de « conscience de soi » par ces populations au cours du Paléolithique, dont l’altérité en est le mécanisme. Comment l’archéologie préhistorique peut-elle aborder ces corps en représentations ? Comment notre discipline peut-elle répondre aux enjeux identitaires de telles images et interpréter le lien entre l’image de l’autre et la construction des identités ? Nous pouvons considérer l’identité en fonction de sa culture, de son appartenance ethnique ou de ses origines géographiques. Les images produites par ces collectifs paléolithiques, notamment les représentations de corps humains, peuvent jouer un rôle important dans la construction et l’affirmation des identités. Celle-ci ne peut se faire sans le souci du rapport à « l’autre». Cet autre peut être humain, animal, réel, imaginaire ou fantasmé. Il peut afficher des contours définitoires ou fluctuants sur lesquels il faut se pencher. Ce rapport à l’autre et à soi permet d’aborder la dimension environnementale et donc du territoire. Ce n’est pas l’identité qui crée la différence, mais l’inverse (Amselle 1987). C’est parce qu’une altérité est posée qu’il est possible d’affirmer son identité (individuelle et collective). L’identité n’est pas simplement une opposition de nature, mais elle se fonde sur une relation dynamique inhérente à l’altérité. Nous avons comme hypothèse que c’est dans ces rapports de force que prennent forme les choix de représenter le corps. Les conceptions des corps humains à travers leur représentation constituent un indicede leur fonction sociale. C’est pourquoi nous proposons une analyse des représentations humaines sur support mobilier, particulièrement présent dans l’art paléolithique, donnant des dimensions multiples à l’objet ainsi décoré. Ces « images-objets » aux fonctions variables, où sont représentés des corps étaient, du fait de la nature mobile de leur support, en contact étroit avec la vie quotidienne, donc en lien avec « l’autre ». Elles étaient visibles, échangeables et matérialisaient, par les choix de représentations (choix formels et iconographiques), une expression de l’altérité. À travers une modélisation typologique dynamique des représentations humaines, nous interrogerons ces corps en mouvement et en liaison narrative avec « l’autre »