29 janvier 2025
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1638-556X
CC-BY-NC , info:eu-repo/semantics/openAccess
Christa BLÜMLINGER, « Des mouvements oculaires aux mouvements des images », Déméter. Théories et pratiques artistiques contemporaines, ID : 10.54563/demeter.1695
Ce commentaire de quelques mesures oculométriques, réalisées dans un cadre expérimental dans lequel le probant se trouve face à des images en mouvement, propose d’élaborer une série de considérations épistémologiques relativement modestes. Il ne s’agissait pas de rejoindre les théories avancées par certains cognitivistes, s’appuyant sur un savoir scientifique pour expliquer la perception des films, mais de partir des expérimentations oculométriques proposées par un historien de l’art. L’intérêt de l’étude porte sur une corrélation supposée entre les modes de focalisation et les mesures oculométriques des probants. Le premier exemple provient d’un film mexicain post-classique, Amores Perros (Amours chiennes, 2000) d’Alejandro González Iñárritu. L’étude se concentre sur la fonction de certains points de vue récurrents au sein de ce film d’action et sur des moments narratifs intensifiés supposés susciter de l’affect. Les mesures montrent que le regard du sujet testé suit la trajectoire dessinée par la logique des mouvements au service de l’action. Le deuxième exemple se range du côté du geste de la reprise artistique et relève de ce qu’on appelle du found footage. L’Arrivée (1999) de Peter Tscherkassky retravaille en noir et blanc un court extrait du mélodrame Mayerling (1968) de Terence Young. Chez Tscherkassky, le procédé esthétique de la déformation peut être considéré comme décomposition au sens benjaminien du terme. Malgré les nombreuses transitions plastiques et la densité de la composition, les mesures oculométriques font ressortir un centrement relativement constant du regard. En revanche, elles montrent des mouvements de saccade sitôt que l’image d’origine relativement « classique » est repérable. En conclusion, on constate que l’étude oculométrique de l’expérience d’un film pose des problèmes et rencontre des limites, dus à la spécificité de la perception des images en mouvement. L’articulation entre attention, perception et imagination devrait ainsi être comprise d’une manière nuancée, comme une affaire de degrés et non pas selon un schéma exclusif.