2023
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Claire Delhon et al., « Analyse des phytolithes : du champ à la terre à bâtir », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.f6b779...
L’analyse phytolithique de Klimonas a porté sur des structures en terre crue du Bâtiment communautaire (St 10) et sur despaléosols mis au jour dans les séquences sédimentaires des terrasses fluviales et de la « coupe de la route », situées respectivementà quelques centaines de mètres et en bordure du site.Les phytolithes sont des particules microscopiques d’opale de silice qui se forment dans les tissus végétaux au cours de la vie de la plante.Les graminées en produisent de grandes quantités et une grande variété de morphotypes, qui permettent des identifications taxonomiquesmais aussi de reconnaître les différentes parties de la plante.Les échantillons de terre crue se sont révélés très riches en phytolithes très bien conservés. L’analyse phytolithique montre que le dégraissantvégétal ajouté à la terre à bâtir était constitué d’un mélange de paille d’herbes sauvages (graminées, cypéracées) et de balle de céréales,sauvages ou cultivées. La présence de phytolithes caractéristiques des roseaux et carex (Phragmites sp., Cyperaceae) suggère l’exploitationdes milieux humides. Les phytolithes pluricellulaires de graminées ont permis de reconnaître la présence systématique de blé (Triticum sp.)et d’orge (Hordeum sp.) et de suspecter la présence de seigle (Secale sp.). Ces céréales poussaient sur des sols dont le statut hydriqueétait favorable à la formation de squelettes siliceux de grandes dimensions. Les phytolithes pluricellulaires observés dans la terre à bâtirprésentent majoritairement les profils de coupe lisses ou concaves, liés à une action mécanique sur les tissus végétaux au cours des étapesde dépiquage, décorticage ou broyage des grains. Les coupes « en escalier », le long des limites cellulaires, qui marquent une désarticulationplus naturelle des tissus végétaux, sont moins fréquentes. Ainsi, il apparaît qu’une partie de la matière végétale utilisée comme dégraissantlors de la fabrication de la terre à bâtir de Klimonas correspond à des résidus du traitement de céréales.Les prélèvements effectués dans les séquences naturelles sont apparus pour leur part extrêmement pauvres, même lorsqu’il s’agissaitde niveaux pédogénéisés. Un seul paléosol dont la matière organique a été datée de 8872±37 BP (8224-7837 BC, donc possiblementcontemporain de l’occupation du site) a fourni un enregistrement exploitable. Il est localisé en bordure du site (« coupe de la route »). Sonspectre phytolithique, presque exclusivement graminéen et riche en morphotypes allongés dendritiques, est compatible avec la présencede céréales lors de la formation du sol. Il est probable que cette zone ait abrité un champ de céréales, peut-être cultivé et très probablementexploité.Ainsi, à Klimonas, alors que très peu de macrorestes sont préservés, les phytolithes démontrent l’importance des céréales dans l’économiedu site et l’intégration de la chaîne opératoire de la fabrication des matériaux de construction dans un système technique largementinterfacé avec le système (proto-)agricole.