17 février 2023
Sara Casella Colombeau, « Chapitre 10. Le policing des frontières.: Entre contrôle des mobilités et police des étrangers », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.f73cd0...
La police des frontières n’est pas un objet classique des spécialistes de la police en France. Il a cependant été saisi par de nombreux auteurs qui inscrivent leurs travaux dans les études sur les frontières ou sur les politiques d’immigration. Ce chapitre se propose de revenir sur son développement en France, à travers une généalogie de ses pratiques, de ses techniques et des organisations qui en ont la charge. L’objectif est de donner à voir les effets que des traditions disciplinaires diverses ont produits sur le policing des frontières en France. Il se scinde pour ce faire en deux approches complémentaires : l’une, « par le haut », analyse les intentions et les logiques qui président à l’institutionnalisation et aux pratiques de la police des frontières ; l’autre, « par le bas », se fonde sur une étude ethnographique des interactions entre les acteurs du policing et leurs cibles.Pour saisir le policing frontalier en France, il convient tout d’abord de retracer l’évolution d’un travail de police des mobilités et des étrangers qui ne s’attache que tardivement aux limites du territoire national, puis celle du service de police qui en a principalement la charge aujourd’hui, la police aux frontières, afin de rendre compte de l’interdépendance entre la définition de ce policing et les transformations des politiques migratoires et de l’État-nation, notamment sous l’influence de la construction européenne.L’étude du policing frontalier a été initialement abordée à travers la question du contrôle des mobilités des individus par l’État…