info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Lionel Jacquot et al., « Justice et magistrat.es : une GRH en miettes ? Une analyse contextualiste, comparative et pluridisciplinaire », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.f7tvxc
Répondant à la commande de la Mission Droit et Justice1, cette recherche tente de mettre aujour les transformations de la gestion des ressources humaines (GRH) des magistrat·es.Conduite par une équipe pluridisciplinaire (droit, sciences de gestion et sociologie) dechercheur·euses français et belges, elle vise à caractériser le modèle de GRH de la justice et sesprincipales évolutions, en procédant à une comparaison systématique des cas français et belge,soutenue d’un contrepoint suédois. Elle cherche aussi à évaluer et dévoiler, sur cette base, leurséventuels dysfonctionnements, défaillances et incohérences. À partir d’une méthodologiequalitative qui mobilise plus d’une centaine d’entretiens semi-directifs (n=122) effectués avecles instances organisatrices impliquées dans la GRH, mais surtout avec les magistrat·eseux·elles-mêmes et leurs chef·fes de juridiction, de cour et de corps travaillant dans destribunaux judiciaires français (n=13), belges (n=9) et suédois (n=4) de taille différente, lerapport propose une analyse contextualiste (contenus, contextes, processus) des modèles deGRH en mettant la focale sur les acteur·rices essentiel·les qui les activent et les traduisentlocalement, ceux et celles que nous désignons comme des local managers (chef·fes dejuridiction et de corps). Après avoir « planté le décor » institutionnel et statutaire desmagistratures française, belge et suédoise, il décrit les configurations organisationnelles et lesmodèles de GRH, et questionne leur correspondance, en se concentrant plus particulièrementsur les cas français et belge. Il analyse les principes, outils et pratiques de cinq dimensions dela GRH : le recrutement, la formation, la carrière, l’évaluation et la rémunération. Il interrogela place centrale que les chef·fes de juridiction et de corps tiennent dans la gestion et lemanagement des juridictions en s’attachant à l’examen de leur environnement, de leurs rôles,de leur travail d’organisation, de leurs conditions de travail et de leur pouvoir d’agir. Les troisquestionnements sur lesquels débouche le rapport – autour de la cohérence et de la pertinencedu modèle de GRH, de la responsabilisation et du pouvoir d’agir des chef·fes de juridiction, dela professionnalisation de la gestion des ressources humaines d’une institution encore fortementmarquée par une gouvernance professionnelle représentée sous une forme collégiale – alertentsur les risques d’un émiettement de la GRH... d’une GRH en miettes.