21 décembre 2018
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Claire Guéron, « “Never shake thy gory locks at me” (Macbeth, III.iv.50-51): Objecting to Gestures in Macbeth », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/interfaces.602
Dans le Macbeth de Shakespeare, on relève une accumulation de répliques par lesquelles un personnage s'oppose à une gestuelle, qu'il s'agisse de la sienne ou de celle d'un autre. On pense au moment où Macbeth refuse de serrer à main à son adversaire avant un combat singulier, à la réplique citée en titre ci-dessus, correspondant au moment où Macbeth demande au fantôme de Banquo, sa victime, de ne pas secouer la tête, à l'étonnement manifesté par Banquo lui-même lorsque les sorcières portent un doigt à leurs lèvres, aux soupçons du médecin lorsque Lady Macbeth se frotte les mains dans un accès de somnambulisme, et à l’injonction de Malcom qui demande à Macduff de ne pas rabattre la visière de son couvre-chef sur ses yeux. Dans ces exemples, le geste est souvent opposé à la parole, ce qui semble aller à l’encontre de l’idéal d’éloquence néo-classique qui, pour reprendre la formule de Hamlet, consiste à : « [r]égle[r] le geste sur le mot, et le mot sur le geste » (Hamlet, 3.2.17-18) . On se proposera ici de montrer que dans Macbeth, la dissociation du geste et de la parole permet, par méta-théâtralité, de faire de la représentation du déclin de l’héroïsme le vecteur d’une réflexion sur certaines stratégies non mimétiques de création du suspense, de l’empathie et de la catharsis, dans le cadre d’un théâtre du début du dix-septième siècle qui fait la part belle au spectaculaire et à la pantomime.