Regards sur les pigeonniers du département des Alpes-Maritimes (France)

Résumé Fr

Éléments importants du patrimoine vernaculaire, pigeonniers ou colombiers, lieux d'habitat et d'élevage des pigeons, peuplent les paysages de nos campagnes. Ils constituent un intéressant témoignage architectural d'une activité rurale autrefois de première importance économique. Très présents dans de nombreuses régions de France, particulièrement implantés dans le nord-ouest et le sud-ouest de la France, ils présentent une grande diversité de formes architecturales. Quatre-vingtonze d'entre eux sont classés au titre des Monuments historiques de France.Par leur présence, muette aujourd'hui, ils permettent d'évoquer la vie des villages et le labeur de nos ancêtres et comme tels, deviennent lieux de mémoire. Dans son Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XIVe siècle, Eugène Viollet-le-Duc, architecte du XIXe s., préconise de réserver le terme « colombier » à toutes les constructions imposantes en forme de tour antérieures à 1789, quand était appliqué le « droit de colombier », le mot pigeonnier s'étant vulgarisé après la Révolution 1 . Avant celle-ci, l'élevage des pigeons était réservé à la noblesse et aux abbayes. Ce droit variait selon les provinces. Dans le sud de la France, encore influencé par le droit romain, les pigeonniers étaient exclus des privilèges seigneuriaux. Ils étaient très présents dans le paysage provençal, bien souvent rustiques, à l'image de la vie âpre que menaient alors les paysans. Longtemps, la vie économique du département des Alpes-Maritimes fut essentiellement centrée sur l'activité rurale. Les communautés villageoises vivaient repliées sur elles-mêmes en raison des moyens de communication difficiles. Elles possédaient des installations leur permettant de vivre de leurs propres ressources. Les pigeonniers, à l'instar des fours à pain, des moulins, des métiers à tisser, sont des éléments caractéristiques de la vie économique, basée sur le système autarcique, de ces habitats reliés * Membre-administrateur de l'IPAAM. J'adresse mes remerciements à Germaine Torto Salicis, membre-administrateur de l'IPAAM, pour son accompagnement et ses prises de vues sur le terrain (photographies