2024
http://hal.archives-ouvertes.fr/licences/etalab/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Pierre-Yves Milcent, « Discrètes tombes à char de La Tène A en Gaule atlantique », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.f99d33...
Les recherches sur la fin du premier et le début du second âge du Fer en Europe tempérée occidentale sont focalisées, parfois à l'excès, sur les phénomènes élitaires. Parmi les signatures archéologiques distinctives des élites de ces périodes, les tombes à char sont souvent les plus étudiées. Il importe donc de connaître leur évolution dans le temps et dans l'espace : apparues à l'âge du Bronze final en Europe centrale, les tombes à char au sens large (c'est-à-dire les tombes accompagnées du dépôt de tout ou partie d'un char et de son harnachement équestre) sont bien identifiées au premier âge du Fer, grâce notamment à l'usage croissant de l'inhumation, et elles s'étendent progressivement à des régions plus occidentales et septentrionales. À l'époque de La Tène, elles apparaissent plutôt concentrées dans le nord de la Gaule ainsi que dans le Yorkshire. Concernant La Tène A, on considère généralement qu'elles ne sont guère attestées que dans quatre régions : Ardennes belges, Bohême, Aisne-Marne et Rhin moyen. C'est à partir de ces groupes que l'on a postulé une émergence, puis une diffusion centrifuge de la culture matérielle laténienne. Dans ce schéma diffusionniste centré sur des régions continentales, la Gaule de l'Ouest n'est jamais véritablement prise en considération, notamment parce que les tombes à char ou à éléments de char y demeureraient pratiquement inconnues. Un réexamen des données archéologiques montre toutefois que ces tombes élitaires sont répandues en Gaule atlantique de La Tène A eu égard au nombre de sépultures fouillées : on les trouve par groupes, depuis le Rhin inférieur jusqu'à l'Aquitaine, en passant par le Massif armoricain et le Limousin. Dès lors, comment interpréter qu'elles soient demeurées pratiquement invisibles durant un siècle et demi de recherches ? Cela s'explique en partie par la modestie des vestiges, généralement détruits et dispersés durant des funérailles où la crémation joue un rôle clé ; mais aussi par le fait que la Gaule de l'Ouest, qui relève essentiellement des réseaux culturels médio-atlantiques au v e siècle av. J.-C., reste considérée, à tort, comme une région périphérique à l'âge du Fer. Après une présentation des faits archéologiques, nous verrons que la notion de réseau permet de dépasser les modèles « centre-périphérie » conventionnels, et de renouveler ainsi nos conceptions touchant à la transition entre les deux âges du Fer en Europe tempérée occidentale.