17 octobre 2022
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Margot Biscond, « Expériences adverses durant l'enfance et entrée dans la vie adulte », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.fa19fb...
La conceptualisation des expériences adverses à la fin du XXème siècle a permis de développer de manière importante les études portant sur ce sujet. Ces travaux ont permis d’établir un périmètre, restreint aux expériences intra-familiales, rendant possible l’étude systématique de ces expositions dans des protocoles épidémiologiques. Au cours des années, le périmètre conceptuel de ces expériences s’est élargi à des sphères de vie extrafamiliales, posant la question de l’inclusion du harcèlement par les pairs au sein de ce périmètre. L’inclusion des expériences adverses a également permis de se questionner sur leur opérationnalisation. Audelà de la simple mesure du type et du nombre de types d’expériences adverses, la mesure d’une fréquence cumulée d’exposition est une potentielle piste d’amélioration. De plus, la littérature supporte l’association entre les expériences adverses et les problèmes de santé mentale comme la dépression, l’anxiété ou encore les comportements suicidaires. Cependant, peu d’études se sont intéressées à l’association de ces expériences avec la persistance des problèmes de santé mentale. L’objectif de cette thèse est d’investiguer l’impact chez le jeune adulte de l’exposition à différentes expériences adverses durant l’enfance. Premièrement il s’agit d’étudier les associations entre les expériences adverses et la persistance des comportements suicidaires (étude 1) et de la gêne fonctionnelle (étude 2). Pour ces deux études, les expériences adverses sont incluses sous trois facettes différentes : le type d’expériences adverses, le nombre de types et la fréquence cumulée d’exposition. Deuxièmement, la persistance du harcèlement est investiguée (étude 3). Pour finir, le dernier objectif est de faire une réactualisation des connaissances à propos des réseaux sociaux avec une revue de la littérature sur la mesure de l’utilisation des réseaux sociaux (étude 4) et sur l’association entre l’utilisation des réseaux sociaux et la gêne fonctionnelle (étude 5). Pour répondre à ces objectifs, les trois premières études ont utilisé les données issues de la partie française du projet international World Mental Health International College Student Survey, une enquête en ligne réalisée auprès d’étudiants de première année à l’université avec un suivi annuel. Les étudiants ont notamment été interrogés sur des données sociodémographiques, sur des données de santé mentale, sur leur exposition aux expériences adverses avant 18 ans et le harcèlement. Dans la première étude, une absence d’association significative entre les trois facettes des expériences adverses et la persistance des comportements suicidaires est rapportée, alors que la seconde souligne une association modeste mais significative entre la gêne fonctionnelle et la fréquence cumulée d’exposition. Dans la troisième étude, il a été mis en évidence qu’une situation de cyber-harcèlement vécue durant l’enfance était associée à une plus grande probabilité d’être victime de harcèlement à l’université. La quatrième étude a mis en évidence que la mesure de l’utilisation des réseaux sociaux était complexe, hétérogène dans la littérature, et avec une absence d’échelle de mesure spécifique de l’utilisation. La cinquième étude a souligné un lien robuste entre l’utilisation des réseaux sociaux et une mauvaise image corporelle chez les adolescents, dans lequel la santé mentale pourrait être impliquée de manière indirecte. Cette thèse supporte la nécessité de mettre en place des campagnes de prévention adaptée pour limiter les expériences adverses durant l’enfance et leurs répercussions sur la santé mentale. De plus, l’utilisation des réseaux sociaux peut être associée à des conséquences négatives, comme la mauvaise image corporelle, qui engendrent des problèmes de santé mentale. Des efforts supplémentaires doivent donc être réalisés en termes de sensibilisation auprès des adolescents concernant leur utilisation des réseaux sociaux.