18 janvier 2023
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Gilles Verpraet, « Souverainetés gaullistes, mobilisations arabes et gilets jaunes : Trois figures nouées entre les représentations médiatiques et la construction nationale. », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.12681/noma.32989
L’article s’interroge sur les contenus de la nation mobilisés par les mouvements sociaux et par les relations entre centre et périphérie. Il s’interroge sur la mise en scène des figures de la nation par les médias classiques et par ces mobilisations. Il souligne la question spécifique : Les nouveaux réseaux sociaux sont-ils des facteurs de mobilisation ou de dilution des figures nationales ?Les souverainetés nationales s’appuient sur des représentations médiatiques selon les figurations portées par des acteurs sociaux (Benjamin, 1992 ; Deutsch, 1953). Le couplage du régime présidentiel et de la télévision dans les années 1960 établit l’autorité de l’État dans une synchronie sociale. La télévision condense un symbole d’autorité et de synchronie sociale. La requalification de l’espace social, issue des technologies numériques présente plusieurs scénarios de synchronie et de réactivité. Elle conjugue la différenciation des sous-publics, les moyennisations des goûts et des choix culturels. Les supports du média internet et de la représentation politique sont traversés par ces tendances. Une configuration nationale apparaît tendue devant le poids du transnational et du global. Il convient de préciser les nouveaux rapports des enjeux locaux et des enjeux globaux.Le détour par les mobilisations arabes approfondit la reformulation des conflits culturels. L’analyse des mobilisations des printemps arabes atteste d’une ambivalence perçue dans l’usage des médias. La constitution d’un nouvel espace public formé de nouvelles subjectivités et de nouveaux usages tactiques des médias soutient des formes de solidarités démocratiques des classes moyennes, mais elle se heurte aux modalités d’incorporation sociale des classes précaires. Le revers historique de ces mobilisations souligne les tensions entre le nouvel espace public en gestation et la consolidation des hiérarchies sociales.En France, les gilets jaunes portent une réplique de ces mobilisations disruptives sur les places et sur les réseaux. Ils font effraction dans la recomposition des figures du national décrites pour les classes moyennes. Notre démarche est de discerner les axes de redéfinition et de modulation du récit national. Cette mobilisation pose la question des différenciations entre la Nation et ses territoires, des clivages entre une souveraineté présidentielle et des médias centraux. Elle convoque les différentes modalités de la configuration nationale et aussi les différentes modalités de la configuration démocratique.