21 juin 2018
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Pierre Diarra et al., « Plaisanteries funéraires et applaudissements posthumes », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/clo.4882
L’analyse porte sur deux types d’usages rituels de la parole et du geste lors de cérémonies funéraires contemporaines, dans deux univers culturels éloignés. En Afrique de l’Ouest, les plaisanteries funéraires mettent en jeu expressions publiques plus ou moins théâtrales du corps, bruits divers et mêmes rires coutumiers. Il s’agit d’exalter la vie, rôle que les fameuses familles à plaisanterie se doivent de jouer en toute circonstance. La mort ni le mort ne sauraient avoir le dernier mot. En Europe occidentale, les applaudissements posthumes – acclamations sonores, collectives, anonymes et publiques – participent de l’expression obligatoire des sentiments et manifestent la reconnaissance de la communauté rassemblée à l’exceptionnalité de la personne défunte. Ces échanges cérémoniels et symboliques peuvent être pensés l’un et l’autre à la fois comme une mise à distance du corps défunt in prasentia et de facto comme une contestation populaire des rites religieux ou officiels qui eux imposent silence. Ainsi, en Afrique comme en Europe, le corps social se réapproprie une part du rite d’enterrement et de son efficacité symbolique pour le mort et contre la mort.