Mode de fabrication artisanale : anthropographie par le récit en perruque de porte-clés fabriqués à Paris Handmade fashion : anthropography based on the " pilfered " story of key-holders made in Paris Fr En

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9 décembre 2024

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Francine Barancourt, « Mode de fabrication artisanale : anthropographie par le récit en perruque de porte-clés fabriqués à Paris », Theses.fr, ID : 10670/1.fc3eb5...


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Cette enquête ethnographique aborde les différentes facettes du travail dans une petite marque de maroquinerie, Laperruque, en analysant un accessoire emblématique de son catalogue, le porte-clés cloche. Il s’inspire d’un objet que le designer Martin Margiela a conçu alors qu’il était directeur artistique chez Hermès, qu’il a lui-même créé en détournant un objet traditionnel de la maroquinerie :la cloche qui protège certains célèbres modèles de sacs de la maison de luxe des clés qui servent à les verrouiller. Dans la continuité de travaux fondateurs sur la culture matérielle, la perspective biographique de cette thèse dessine une trajectoire qui suit les étapes de la vie d’un porte-clés cloche Laperruque, depuis son design, sa fabrication en atelier qui met en œuvre une matière première (le cuir) et des techniques manuelles et mécanisées, les opérations permettant de le transformer en marchandise, sa vente en boutique et en ligne puis son usage par les clients. Toutes ces étapes se déroulent au sein d’une unité de lieu relativement resserrée, l’atelier-boutique parisien de la marque, où j’ai pu mener l’enquête en parallèle de l’emploi salarié que j’y occupe en tant que maroquinière. Cette thèse s’inscrit de fait dans le registre du travail en perruque, celui que l’ouvrier fait pour lui, transposant ses compétences professionnelles à la réalisation de projets personnels. Comme j’ai été initialement formée aux arts appliqués, j’ai tissé cette ethnographie à partir d’un matériau hybride entre notes et dessins, puis développé une forme de restitution qui repose sur la complémentarité entre ces deux supports, s’apparentant à de la bande dessinée. Cette méthode d’écriture visuelle reflète la particularité de mon point de vue, à la fois professionnelle dans l’artisanat et chercheuse sur le terrain. Si Laperruque est le cas particulier sur lequel se focalise cette étude, l’entreprise s’inscrit dans une filière professionnelle vaste et complexe, à l’intersection entre le marché de la mode et celui de l’artisanat. Dans un aller-retour du particulier au général, elle interroge les rapports aux objets de mode dans leur multiplicité : modes de connaissance de leur procédés techniques de fabrication ; attachement suscité par la durabilité de leur matière première, leur solidité et leur réparabilité sans en oublier la dimension esthétique ; appropriation d’objets standardisés ; traduction d’une forme d’éthique et de morale liée au système de la consommation de masse… Le récit de la vie du porte-clés cloche sert de fil rouge pour questionner la mode à l’échelle globale, en interrogeant la place de l’artisanat en tant que moyen de reproduction de la mode, transformé par des innovations socio-techniques (procédés de tannage plus rapides, réseaux sociaux…) dans lequel des savoir-faire artisanaux persistent. Par le prisme de la démarche de petits entrepreneurs qui fondent des marques de mode alors que ce secteur est en proie à des crises multiples (environnementales, économiques, sociales...), il semble même que l’appropriation de techniques traditionnelles soit un ingrédient de choix pour proposer une alternative au modèle dominant de la fast-fashion, sans toutefois s’affranchir de tous les codes régissant le système de la mode.

The following ethnographic survey studies various aspects of Laperruque, a small-scale company of leather accessories, by focusing on a specific piece of its catalogue : the bell key-holder. Inspired by an object created by designer Martin Margiela when he was designing Hermès womenswear collections. He re-interpreted a traditional leatherwork item, the bell, protecting de luxe handbags from the scratches of the keys usedto lock them. In keeping with seminal work on material culture in the anthropological field, this thesis adopts a biographical angle, by following the life-pathof a bell key-holder from Laperruque. Its main stages are its design, its manufacturingin the workshop, which implies the technical transformation of leather through manualand mechanized operations, its merchandizing, its selling in the shop or online, and its use by consumers. All of them take place in a single setting, the Paris shopof the brand. In its workshop located in the basement, I was able to conduct my research fieldwork while being on the staff as a leathercraftswoman.Through these conditions, this thesis falls within the tradition of « pilfering »(or « fiddling ») in factories, when workers make things for themselves on the sideof their paid jobs, using their professional skills to the achievement of personalprojects. As I was first trained in designing, I have constructed my ethnographicstudy from notes and drawings, and then developed a form of laying out basedon the complementary nature of images and words, as in comic strips. Adopting a visualwriting form allowed me to retranscript the dual part I had played on my fieldwork,as an anthropologist and a craftswoman. I chose to focus my study on Laperruque as it is a small company at the junction between crafts and fashion, which is part of a vast and complex industry.In a back and forth between the particular and the general, it questions the relation-ship to material objects : the familiarity with their manufacturing processes ;the attachment increased by their durability, repairability and aesthetics ;the objectification of standard products ; the expression of a form a ethical and moralbehaviour regarding mass consumption... The story of a bell key-holder is the guiding thread which leads to questionning the globalized fashion system; namely the partcrafts play in it as a means of reproducing items, in a context of social and technicalinnovations such as quicker tanning processes and communication on socialnetworks. By studying independent entrepreneurs who fund fashion brands whilethe industry struggles with several crises (ecological, economical and social),embracing traditional techniques might be a part of a strategy to build new businesses that deviate from already existing models in fast-fashion, and yet keep the codesruling the fashion-system.

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